samedi 17 décembre 2011

Oscar Wilde : Aphorismes 6

Je réprouve les longues fiançailles. Elles permettent à chaque fiancé de connaître le caractère de l’autre avant le mariage, ce qui, à mon avis, n’est jamais judicieux.

Il est terrible pour un homme de se rendre compte soudainement que, toute sa vie, il n’a jamais fait autre chose que dire la vérité.

Trente-cinq ans est un âge fort séduisant. La bonne société londonienne ne manque pas de femmes qui ont fait le choix délibéré de ne jamais dépasser trente-cinq ans.

Ne parlez jamais irrévérencieusement de la bonne société. Seuls ceux qui ne peuvent pas en faire partie le font.

Il est toujours douloureux de quitter les gens qu’on n’a connus qu’un bref instant. On peut accepter avec sérénité l’absence d’amis de longue date. Mais il est presque insupportable de se voir séparé, même momentanément, de quelqu’un qui vient juste de vous être présenté.

Il est tentant de définir l’homme comme un animal rationnel qui se met toujours en colère lorsqu’il est supposé agir en accord avec les préceptes de la raison.

L’essence de la pensée, comme l’essence de la vie, est la croissance.

Ce qu’on appelle manque de sincérité est tout simplement la méthode par laquelle nous multiplions nos personnalités.

Dans un temple, tout le monde devrait être sérieux à l’exception de l’objet du culte.

Nous ne sommes jamais plus en accord avec nous-mêmes que quand nous sommes inconséquents.

Il y a toujours quelque chose de ridicule dans les émotions des gens que l’on a cessé d’aimer.

Les généralités intellectuelles sont toujours intéressantes, mais les généralités morales ne signifient absolument rien.

Faire partie de la bonne société n’est qu’assommant, ne pas en faire partie est tragique.

Nous vivons à une époque où le superflu est notre seule nécessité.

Ne faites jamais vos débuts avec un scandale. Réservez-le pour agrémenter votre vieillesse.

La société pardonne souvent au criminel, jamais elle ne pardonne au rêveur.

Il n’y a aucun mérite à avoir de la sympathie pour la souffrance. Il est beaucoup plus difficile d’avoir de la sympathie pour la pensée.

La conversation devrait aborder tous les sujets sans jamais se fixer sur un seul d’entre eux.

S’adresser des reproches est une sorte de luxe. Lorsque nous rejetons le blâme sur nous-mêmes, nous avons l’impression que personne n’a le droit de nous blâmer. C’est la confession et pas le prêtre qui nous donne l’absolution.

Il n’y a que deux sortes de personnes qui soient vraiment fascinantes – celles qui savent absolument tout et celles qui ne savent absolument rien.

Le public est d’une tolérance magnifique ; il pardonne tout, excepté le génie.

La vie nous fait payer trop cher ce qu’elle nous offre, et le plus insignifiant de ses secrets doit être acheté un prix exorbitant et infini.

Ce qui est vrai de l’art est vrai de la vie.

On est toujours capable de gentillesse envers les gens qui ne nous intéressent pas.

J’aime les hommes qui ont un avenir et les femmes qui ont un passé

Les femmes, comme l’a dit un Français plein d’esprit, nous inspirent le désir de réaliser des chefs-d’œuvre et nous empêchent toujours de les mener à bout.

Dans les affaires sérieuses, l’essentiel est le style, pas la sincérité.

La seule façon de se comporter envers une femme est de lui faire la cour si elle est jolie, de la faire à une autre si elle ne l’est pas.

Les femmes donnent tout aux hommes, jusqu’à l’or de leur vie. Sans doute, mais immanquablement elles veulent qu’on le leur rende en petite monnaie.

Définir les femmes en tant que sexe. Des sphinges sans énigmes.

On peut résister à tout, sauf à la tentation.

N’allons pas chercher dans la vie notre épanouissement ou notre expérience. La vie est limitée par les circonstances, incohérente dans son expression et il lui manque cette magnifique correspondance entre forme et esprit qui seule peut satisfaire un tempérament artistique et critique.

Il est dangereux de vouloir réformer quiconque.

Il est toujours possible de deviner immédiatement si la vie d’un homme est soumise ou non à des exigences domestiques. J’ai remarqué un triste, très triste expression dans les yeux de beaucoup d’hommes mariés.

Etre bon, c’est être en harmonie avec soi-même. La discorde, c’est être forcé à être en harmonie avec d’autres

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