lundi 15 septembre 2014

Le Panthéon et la place du Panthéon

« Pour moi, je puis affirmer que rien, dans ma première enfance, ne  me fit plus d’impression que d’avoir vu le Panthéon entre moi et le soleil... Je fus saisi, ravi, atteint, et plus que je ne l’ai été de très grands événements, ils ont passé ! Cette heure me reste, et m’illumine encore. »
                                   Jules Michelet, Mémoires de jeunesse 1888

Son origine remonte au vœu fait par Louis XV, lors de la grave maladie qu’il eut pendant le siège de Metz, en 1744, d’élever une belle église s »il guérissait. Il décida donc de reconstruire l’église de l’abbaye Sainte-Geneviève, très délabrée. Soufflot en fut chargé, qui, fait rare à l’époque, appréciait le gothique et rêvait de réunir « la légèreté de l’architecture gothique et la magnificence de l’architecture grecque. » Les travaux préliminaires commencèrent en 1755 et le manque de solidité du sous-sol empêcha d’effectuer la pose de la première pierre avant 1764. Mais une cabale mettant en cause la sécurité et la solidité du terrain ralentit le chantier, aboutit à la création d’une commission d’inspection en 1777, cependant que Soufflot mourait en 1780, Rondelet poursuivit son œuvre jusqu’en 1790.
En 1791, la Constituante décida de faire de l’église une nécropole des grands hommes, le Panthéon, et, pour mieux rendre cette atmosphère sépulcrale, on mura les fenêtres. Les premiers hôtes de ces sépultures furent : Mirabeau, Voltaire, Rousseau, Marat ; la mode ayant changé, Mirabeau et Marat disparurent. En 1806, l’église fut rendue au culte, puis redevint Panthéon (1831-1852) par la volonté de Louis-Philippe, qui voulait réconcilier les hommes et les époques pour la gloire de la France ; de 1852 à 1885, ce fut à nouveau un lieu de culte et même une basilique nationale, mais le transfert du corps de Victor Hugo décida définitivement de son affectation funéraire.
Extérieurement, c’est le dôme qui a fait la célébrité du Panthéon. Sa façade rappelle un peu un temple antique (le Panthéon de Rome), précédé d’un péristyle surmonté d’un fronton décoré par David d’Angers (La Patrie ente la Liberté et l’Histoire distribue les couronnes aux grands hommes). De part et d’autre de la porte, deux groupes de marbre représentent Le Baptême de Clovis et Sainte Geneviève et Attila.
L’intérieur impressionne par l’ampleur et la majesté des volumes. Le plan en croix grecque détermine quatre nefs rythmées de colonnes corinthiennes et, à leur convergence, une vaste coupole. Le décor intérieur est très largement inspiré de l’histoire nationale : outre la vie de sainte Geneviève amplement narrée par Puvis de Chavannes, saint Denis, Clovis, Charlemagne, saint Louis, Jeanne d’Arc sont les principaux héros représentés ; et certains concepts ont été retenus : Vers la Gloire (Detaille), L’idée de patrie (Humbert), Les Grandes Destinées du peuple français (mosaïque d’après Hébert, à la voûte du chœur).
Le dôme saisit par la majesté de ses trois coupoles dont la seconde, par Gros, figure L’Apothéose de sainte Geneviève, en compagnie de Louis XVI et de Louis XVIII. Ses pendentifs sont occupés par les grands idéaux (La Gloire, La Justice, La Patrie et La Mort, d’après Gérard). Aux piliers du dôme, on trouve des monuments à Diderot (Terroir), à Jean-Jacques Rousseau (Bartholomé) aux généraux de la Révolution (Gasq) et aux orateurs de la Restauration (Marqueste) ; enfin, au fond du chœur, Sicard a réalisé un groupe monumental : La Convention.
Dans la crypte sont regroupés les tombeaux de soixante et un personnages inhumés ici.

La place du Panthéon

Elle ne saurait être disjointe de l’édifice ; en effet, lorsque Soufflot fit les plans du bâtiment, vers 1760, il conçut l’aménagement du secteur avec une grande place rectangulaire devant la façade d’où partait, dans l’axe, une rue (la future rue Soufflot) jusqu’au jardin du Luxembourg, créant ainsi une belle perspective à l’église. Pour diverses raisons, les travaux ne furent que partiellement réalisés : l’architecte eut presque le temps d’achever l’Ecole de droit (1771-1783), au n° 12. Celle-ci a été agrandie à plusieurs reprises depuis. En face, au n° 21, la mairie du Ve arrondissement est due à Hittorff (1844-1846).

vendredi 13 janvier 2012

Eglise Saint – Germain Des Prés 6e

A l’origine, le site était une abbaye bénédictine fondée par le roi mérovingien Childebert Ier au VIe siècle. Aujourd’hui, seule la partie comprenant l’église est encore visible. Le clocher et la nef, de style roman, ont d’ailleurs été reconstruits au XIe siècle, après que les Vikings aient incendié le bâtiment deux siècles plus tôt.
Devenue paroisse au XVIIe siècle, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des plus anciennes églises de la capitale et accueille régulièrement des concerts de musique classique. Elle tient son nom de Germain, évêque de Paris au VIe siècle, qui fut l’un de ses administrateurs.
Informations :
La très belle nef de l'église Saint-Germain-des-Prés est le seul vestige de l'art roman subsistant dans la capitale. Le chœur de l'église, en revanche, est de style gothique primitif. Remarquer les chapiteaux gothiques du déambulatoire.

Autres informations
Styles architecturaux : Gothique primitif, Roman
Epoques des collections : XIe siècle

Ouvertures et horaires
Détails Ouverture/Fermeture :

Du lundi au samedi : 8h-19h45
Le dimanche : 9h-20h
Messes du dimanche : 9h, 10h, 11h, 17h (en espagnol), 19h
Jours semaine :
Lundi | Mardi | Mercredi | Jeudi | Vendredi | Samedi | Dimanche
Ouvert lors de ces jours fériés :
1er janvier | Pâques | Lundi de Pâques | 1er mai | 8 mai | Ascension | Pentecôte | Lundi de Pentecôte | 14 juillet | 15 août | 1er novembre | 11 novembre | 25 décembre

Site internet : www.eglise-sgp.org

Accès :
3, place Saint-Germain-des-Prés
75006 PARIS
 Métro :Saint Germain des Prés

mercredi 11 janvier 2012

Le Pont Neuf A Paris

La première pierre du pont Neuf fut posée en 1578, mais il fut seulement achevé en 1604. Contre toute logique architecturale, c'est aujourd'hui le pont le plus connu de Paris. Il est en fait, coupé en deux par la pointe de l'île de la Cité. Il fut construit large pour l'époque, pour abriter un commerce fixe; mais Henri IV (illustré par une statue équestre sur le terre-plein qui sépare les deux bras du pont) n'autorisa finalement, qu'un commerce volant. Les tourelles furent jadis surmontées de boutiques (1775-1854). L'autre particularité du pont est les 384 masques grotesques qui décorent les corniches. Ce pont est classé monument historique.

Au bout du pont saint-Michel, il faut tourner à gauche pour descendre sur la berge en contrebas du quai des Orfèvres. On remarque là une vieille échelle d’étiage de plus de 5 mètres. Le quai en question est devenu une réalité en 1810, bâti en plusieurs phases. Il a absorbé des rues très anciennes en bord même de la Seine.
L’île primitive se terminait au niveau bas de la rampe qui rejoint la berge (soit à la rue de Harlay) Elle était suivie de trois ou quatre petits îlots alluvionnaires à fleur d’eau, en l’espèce ici, l’île au Juifs (ou aux Treilles ou de la Justice) qui ont été renforcés, soudés entre eux et rattachés à l’île de la Cité au moment de la construction du pont Neuf.
Celui-ci apparait, très populaire avec ses demi-lunes en saillie au-dessus de chaque pile. Des travaux de rénovation et de nettoyage, entrepris en 1992 l’ont remis... à neuf !

Ouvrage sur le petit bras ou bras de la Monnaie, construit de 1578 (Henri III)  à 1607 (Henri IV), en maçonnerie à piles assises sur madriers de bois. Jamais démoli ni emporté par les eaux, ni reconstruit à neuf.
Ce pont, le plus vieux de Paris comme chacun le sait, est le plus vénérable à plus d’un point de vue et sa renommée dépasse les frontières : c’est une des images fortes de Paris.

Venant renforcer la liaison rive droite – rive gauche étant assurée auparavant par quatre vieux ouvrages surchargés, il fut d’abord contesté car jugé non indispensable. Mais il emporta rapidement l’adhésion de tous grâce à une nouveauté révolutionnaire : dépourvu de maisons – bien que le projet initial les ait prévues – il permettait aux Parisiens de traverser la Seine sur 240 m en contemplant le paysage complet des deux rives et de la rivière ! Au surplus, confort suprême et autre nouveauté, des trottoirs mettaient les piétons à l’abri des charrois et des cavaliers. Son succès fut immédiat, et le pont Neuf devint le rendez-vous permanent des marchands, bateleurs, chansonniers, arracheurs de dents...bref la dernière promenade à  la mode qui détrôna notamment le cimetière des Innocents en approchant, on distingue les mascarons sous consoles (384) au total, tous différents – dont une seule figure féminine- qui sont attribués, mais partiellement à Germain Pilon.
Le Pont Neuf, conçu par l’architecte Baptiste Androuet du Cerceau, a conservé son nom d’origine et est resté le même depuis quatre siècle. On a seulement abaissé la chaussée vers 1850, moyennant, sur le grand bras, la reconstruction de six arches (en anse de panier)

Paris et son Théâtre De La Comédie-Française




Le théâtre de la Comédie-Française naquit des cendres mêmes du grand dramaturge. Pour être plus précis, nous dirons qu’il dut sa naissance aux ennuis et aux difficultés rencontrés par sa Compagnie à la dérive, à laquelle seuls le courage et la force de volonté d’une femme réussirent à insuffler une nouvelle vie.

Après la mort pathétique en scène du grand Molière dans le fauteuil du Malade imaginaire, lorsque eurent cessé les clameurs et les commémorations, sa veuve et le fidèle La Grange se trouvèrent aux prises avec une situation catastrophique : la Compagnie se désagrégeait ; Baron et La Thorillière, les deux acteurs vedettes, avaient déserté et le musicien Lulli avait jugé à propos de s’appropriée pour son théâtre de l’Opéra la salle du Palais-Royal (qui avait été l’ultime siège de la compagnie) Mais Armande Béjart et La Grange n’étaient pas décidés à se laisser facilement abattre.

Et si Lulli avait tout intérêt à oublier le passé et les vieux amis, la veuve Molière se chargea de lui rafraîchir la mémoire, exigeant la restitution d’un prêt de 15.000 livres que son mari avait accordé au musicien aux jours de moindre gloire. Avec cette somme important et ce qu’elle possédait personnellement, Armande réussit à reconstituer, avec l’aide  de La Grange, la Compagnie démembrée : le 3 mai 1673, devant les notaires Clément et Payot, la signature de nouveaux comédiens scellait la renaissance de l’association théâtrale qui, vingt jours plus tard, faisait son entrée à l’Hôtel Guénégaud situé dans l’actuelle rue Mazarine.

La même année, une importante Compagnie venait la rejoindre : celle du Marais (connue surtout pour ses représentations à grand spectacle), théâtre qui, par la volonté de l’omnipotent Roi-Soleil, était condamné à la destruction.

En 1680, l’Hôtel de bourgogne, lui aussi, vieille compagnie rivale de Molière, dut fermer ses portes sur décret du roi et ses acteurs furent absorbés par la Compagnie d’Armande et de La Grange, qui regroupait ainsi les trois plus importantes troupes théâtrales de Paris.

 Le 21 octobre de cette même année 1680, une lettre portant le sceau de Louis XIV rendit l’événement officiel en créant la Comédie-Française. Le persévérant La Grange (entré vers 1659 dans la Compagnie de Molière comme obscur petit comédien) devint ainsi le premier directeur de la Comédie-Française, faisant respecter en sa personne l’esprit du grand Molière. Les plus fameux acteurs de l’époque (la Champmeslé, Hauteroche, Baron, Rosimond, Poisson, Laroque) rivalisaient pour donner lustre et éclat aux représentations de la nouvelle Compagnie qui, pendant sept ans, alla de succès en succès.

Puis, à l’improvise, un nouvel obstacle très grave se dressa : à moins de 200 mètres du théâtre se trouvait le collège des Quatre-Nations ; on fit entendre au roi qu’un tel voisinage était scandaleux et gravement préjudiciable à la mortalité des étudiants ; louis XIV, espérant que des amendements lui apporteraient le pardon du Père Eternel pour ses licences passées, n’hésita pas à déloger la glorieuse Compagnie. Il ne fut pas facile pour les comédiens en pleine activité de se trouver un nouveau local. Finalement, la salle de l’antique Jeu de Paume de l’Etoile, située rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés (actuelle rue de l’Ancienne Comédie) offrit en 1689 un bon asile.

C’est là que demeura la Comédie-Française jusqu’en 1770, mais le transfert avait coûté plus de 200.000 livres et il eut de graves répercussions sur la situation financière de la société.
A la fin de 1770, on assiste à de nouveaux déménagements : après un bref passage dans la salle du Théâtre des Tuileries, la Comédie se transporta en 1782 à l’Hôtel de Condé (aujourd’hui Odéon) où elle resta durant la Révolution. En 1792, la Compagnie se dispersa, pour se réunir de nouveau en 1802 au Palais-Royal où elle se trouve actuellement.
Aujourd’hui encore, tous les ans, le 17 février, sur la scène de la Comédie-Française (dont Pierre-Aimé Touchard a dit qu’elle conservait le souvenir de Molière qui demeure son grand patron invisible), se déroule traditionnellement la même cérémonie : tous les acteurs en costumes de l’époque se réunissent autour du buste de Molière et leur doyen lit une page qui raconte ses derniers instants.

samedi 7 janvier 2012

Paris et son Musée National de la Céramique



Les visiteurs de ce musée unique, dominant la Seine, ont d’abord la surprise de découvrir un magnifique ensemble de reproductions de certains des plus grands chefs-d’œuvre du Louvre et du Vatican, dont le Portrait de Flore par Titien, l’Embarquement pour Cythère par Jean-Antoine. Watteau, la Délivrance de saint Pierre par Raphaël, la Portrait d’homme par le Tintorer et l’Autoportrait par Antoine Van Dyck. Ils sont encore plus surpris de constater qu’elles ont été réalisées sur des feuilles de porcelaine, à la manufacture de Sèvres, entre 1825 et 1850.
Ces pièces extraordinaires ne représentent qu’une fraction des trésors présentés au Musée National de la Céramique, qui est le plus grand musée du monde consacré aux arts de la céramique. La richesse unique de ses collections est largement due à la diligence et à la persévérance d’Alexandre Brongniart, directeur de la manufacture de 1800 à 1847 ( date de sa mort) Fils d’un architecte et minéralogiste, Théodore Brongniart, auteur entre autres  du bâtiment de la Bourse de Paris, il a écrit ce qui est considéré comme une sorte de bible de la technologie de la céramique, le Traité de l’art céramique, publié entre 1841 et 1844.

Afin de compléter ses recherches en vue de cet ouvrage, il acquit de nombreux vases du monde entier et on lui en donna encore davantage (souvent en échange de porcelaines de Sèvres
C’est aussi lui qui chargea Désiré Riocreux  l’un des décorateurs de la manufacture du musée de la Céramique et du Verre, inauguré en 1824 près de la manufacture, dans le centre de Sèvres. (Riocreux garda ce poste de conservateur pendant cinq décennies ou presque, jusqu’à  sa mort en 1872 !)

Les deux hommes prirent la décision fondamentale de classer les collections selon les différents procédés techniques de fabrication des objets, système de classification qui reste en vigueur aujourd’hui.
En 1876, la manufacture et le musée de Sèvres ont emménagé dans leurs bâtiments actuels, sur une colline dominant la Seine, entre le pont de Sèvres et le parc de Saint Cloud, juste à proximité du pavillon de Breteuil qui abrite le mètre et le kilogramme-étalon.

 A l’entrée du musée se dresse une statue patinée par les intempéries, figurant Bernard Palissy ( vers 1510-vers 1589 ), l’un des plus grands céramistes français, célèbre pour la suavité de ses émaux richement colorés et pour ses « rustiques figulines » décorées de reptiles, de coquillages et de plantes grandeur nature.
Le terme même de « céramique » vient du grec Keramos, qui signifie exactement « argile » et qui inclut tout type de porterie cuite ayant subi une mutation physico-chimique irréversible ; cela comprend la céramique (avec ou sans glaçure) le grès, la faïence et la porcelaine.
Même si les deux niveaux du musée contiennent  quelques vitrines informatives sur les différentes techniques de céramique, les mots s’effacent devant le déploiement des pièces elles-mêmes, illustrant le développement international de cet art décoratif. L’ampleur et la variété de la collection sont stupéfiantes ; la moitié seulement des quelque cent milles pièces peut être présentée à la fois, en raison du manque d’espace.
Parmi les pièces les plus intéressantes, il faut signaler les vases grecs à figures noires ou rouges, fabriqués plusieurs siècles avant J. C. ; les antéfixes rustiques de terre cuite à glaçure plombifère, réalisés dans le Beauvaisis, au XVIe siècle ; de rares céramiques en bleu et blanc de Delft ; des animaux grandeur nature en porcelaine blanche de Meissen ; une jardinière garnie de son bouquet de fleurs, en biscuit tendre de Vincennes ; les vases et amphores ornés de Sèvres, dont les rehauts de porcelaine ont toutes les apparences de l’or.
Aucun autre musée parisien ne possède une aussi riche collection de céramiques islamiques, dont la technique est arrivée en Europe via l’Espagne et l’Italie. Deux salles du rez-de-chaussée illustrent l’évolution de la faïence musulmane à glaçure stannifère et de la céramique lustrée deux techniques inventées et perfectionnées en Syrie et en Perse, au VIIIe et IXe siècle  ainsi que celle de la poterie siliceuse (ou fritte) recherchée pour sa glaçure turquoise est restée inconnue en Europe jusqu’en 1750. On aurait garde d’oublier le remarquable ensemble de céramiques ottomanes d’Iznik, des XVIe et XVIIe siècles, renommées pour leurs motifs émaillés de fleurs bleu, turquoise et rouge corail ; une rare collection de céramique lustrée hispano-mauresque de Malaga, Valence et Manisa, de couleur crème et or.
Les faïences de la Renaissance italienne sont remarquables à la foi pour leur qualité et leur quantité, offrant ainsi au visiteur une vue d’ensemble de leur évolution. La « faïence » a été inventée pour remplacer la porcelaine chinoise qui était extrêmement coûteuse, car importée à prix d’or. Faite d’argile commune, elle était ensuite recouverte d’une épaisse glaçure blanche et cuite à une température  comprise en 800 et 900°C. 

Cette faïence apparaît en Espagne dans le courant du XIVe siècle, mais ne commence vraiment à s’épanouir en Toscane qu’au siècle suivant. Elle a atteint des sommets, au XVIe siècle, dans la ville de Faenza (origine du mot français « faïence ») avec l’usage de motifs polychromes et des reproductions de gravures de l’époque ( style istoriato)

Parmi les raretés du musée, on remarquera un plat de 1525 portant une représentation très animée d’un épisode de la Bible Joseph trouvant le bol caché dans le sac de Benjamin – avec l’estampille de la Casa Pirota, l’atelier le plus réputé de Faenza.
Alors que certains artiste se contentaient de décorer des plats de faïence de scènes religieuses ou de scènes de genre, pour des commanditaires aussi importants que les Médicis, d’autres comme les Della Robbia, famille de plasticiens de Florence –utilisèrent cette céramique blanche et lustrée pour réaliser des retables, des bas-reliefs décoratifs et même des « sculptures » L’un d’eux, Girolamo Della Robbia, vint en France en 1527-1528, pour travailler sous les ordres du roi François 1er.

On lui attribue une statue de faïence grandeur nature représentant la Vierge à l’Enfant, qui règne dans un angle du rez-de-chaussée du musée.
Les visiteurs ne doivent pas manquer la magnifique reconstitution d’une boutique d’apothicaire du XVIIe siècle, qui contient des centaines de pots et de jarres des XVIe et XVIIe siècles, destinés à contenir élixirs, onguents et autres remèdes.
Bien que la porcelaine à pâte dure  fabriquée à base d’un mélange de kaolin blanc, de feldspath et que quartz –ait été mise au point en Chine dès les VIIe et VIIIe siècles de notre ère, l’Europe dut attendre le XVIIIe siècle pour trouver le secret de la fabrication de ce type de céramique de très grande valeur (le mot « porcelaine » vient de l’italien porcellana, terme qui désigne un mollusque des mers chaudes à coquille dure, vernissée et émaillée, le cauri, longtemps utilisé comme monnaie d’échange en Extrême-Orient.)
Dès le XVIe siècle, toutefois, la cour des Médicis, à Florence, avait encouragé la production de porcelaine à pâte tendre, sans kaolin, très fragile.

On compte au nombre des plus précieux objets du musée le groupe des « porcelaines Médicis » bleu et blanc, considérées comme les plus anciennes jamais faites en Europe. On remarquera, en particulier, une bouteille bleue en forme de visage grotesque et deux fioles bleu et blanc, ornées des armes du roi  Philippe II d’Espagne.
En 1708, la première porcelaine européenne à pâte dure a été fabriquée par les céramistes de Meissen, en Saxe. Dans l’intervalle, les artisans français avaient découvert un procédé pour fabriquer sans kaolin une imitation de porcelaine à pâte douce, dite  « biscuit », technique éphémère en raison de la fragilité des produits.

Cette céramique était si appréciée, toutefois, que le roi Louis XV –poussé par sa maîtresse, Mme de Pompadour- encouragea vivement sa production dans la manufacture de Vincennes. Celle-ci devint en 1756, après son transfert géographique, la manufacture de Sèvres.
Le vaste ensemble de porcelaine à pâte tendre reflète ici la fascination de l’époque pour le rococo et les « chinoiseries » On remarquera, parmi les pièces les plus belles, une délicieuse aiguière accompagnée de son bassin, faite à Vincennes vers 1753, dont le fond bleu lapis obtenu à parti d’oxyde de cobalt allait devenir le fameux « bleu de Sèvres » après 1756.
La découverte d’un important gisement de kaolin le mot est d’origine chinoiseà Saint-Yrieix-la-Perche, près de Limoges, en 1768, inspira une nouvelle génération d’artisans-artistes, à Sèvres, qui se mirent à créer tout une gamme d’objets inhabituels en pâte dure ; la résistance et la longévité du nouveau matériau facilitaient les expériences les plus audacieuses de formes et de couleurs.

Trouvant leur inspiration dans l’Antiquité gréco-romaine, avec la découverte des ruines de Pompéi, ils réalisèrent de nombreux modèles dans la veine néoclassique, dont les fameux « bols-seins » pour la bergerie de Marie-Antoinette, au château de Rambouillet. Ces bols à boire, de couleur chair, posés sur un petit trépied de porcelaine formé de trois béliers, constituent une classe de céramique en elle-même.
C’est sous l’égide d’Alexandre Brongniart que la manufacture de Sèvres atteignit son apogée sur le plan des prouesses techniques, montrant que l’art de la porcelaine avait sa juste place parmi les autres arts décoratifs, à côté de la peinture, de la marqueterie et de l’art des métaux.

Cette maîtrise éclate dans l’étonnant secrétaire des Muses, où se mêlent le bois, la porcelaine et le bronze doré, les motifs en trompe-l’œil de la porcelaine imitant aussi bien le placage de bronze que les camées gravés de pierre dure.
Les multiples aspects de la céramique, présentés au Musée national de la céramique, permettent une appréciation et une vision élargies de ce domaine souvent négligé des arts décoratifs. On doit ainsi une grande reconnaissance à Alexandre Brongniart, dont l’intérêt passionné pour l’art et pour la technique de la céramique a permis de créer ce musée véritablement unique.




Place de la Manufacture
93210 Sèvres
Tel : 01 41 14 04 20

Ouvert tous les jours sauf le mardi et les jours fériés de 110 h à 17 h

Métro : Pont de Sèvres
On franchit ensuite le pont à pied ou par l’un des autobus 169, 171 ou 179

Leur site:
http://www.ceramique14.com/enseignement/formation_ceramique/musee-sevres.html

jeudi 5 janvier 2012

Paris et Eglise Saint-Eugène et Saint-Cécile

4bis rue Sainte-Cécile
Métro : Grands Boulevards


Peu connue des parisiens, l’église Saint-Eugène-Sainte-Cécile présente pourtant une grande originalité. Il s’agit en effet de la première église parisienne construite en charpente métallique. Elle fut construite à l’emplacement de l’Hôtel des Menus-Plaisirs.
Les idées du maître d’ouvrage, l’abbé Coquant, le curé de la paroisse, historien et amateur d’art, ont certainement influencé les architectes

L’église Saint-Eugène Sainte-Cécile est située au cœur du faubourg Poissonnière, très en vogue dès la fin du XVIIIe siècle, et dépendant de l’église Saint-Laurent (près de la gare de l’Est). Avec l’explosion démographique du quartier à partir du début du XIXe siècle, un lieu de culte manquait cruellement. Sous le Second Empire, Saint-Eugène fera partie des 7 paroisses nouvellement créées.

C’est l’architecte Louis-Auguste Boileau (1812-1896) qui sera chargé de sa construction en 1854-1855. C’est un grand admirateur de Viollet-le-Duc et comme lui il revisite l’architecture gothique, tout en utilisant de nouveaux matériaux comme le fer et la fonte. Il sera secondé pour ce projet par son fils Charles-Louis Boileau, futur architecte du Bon Marché.

Extérieurement, l’église présente des façades de pierre d’inspiration gothique : ouvertures en arcs brisés, colonnettes, épais contreforts. Intérieurement, c’est le rationalisme et la polychromie qui sont à l’œuvre. Trois voûtes séparent les trois vaisseaux, soutenues par de minces piliers en fonte. Les murs, colonnes, voûtes sont tous peints, d’après le décor d’origine récemment recopié. Les colonnes sont vert bronze et or ; les voûtes sont étoilées sur fond or, les arceaux sont soulignés de rouge et de jaune. La série de vitraux fut exécutée par le maître-verrier Antoine Lusson. De beaux lustres ainsi que le mobilier évoquent la richesse du second Empire. Saint-Eugène eut d’ailleurs comme marraine l’impératrice Eugénie.

Lors de son inauguration, cette église à l’architecture de fer fit grand bruit. Grâce à l’économie de matériaux, elle couta quatre fois moins cher que l’église Saint-Clothilde (située dans le 7e arrondissement), construite à la même époque.

Saint-Eugène-Sainte-Cécile, ouverte au public en journée, vaut vraiment une visite.


Sources : Guide du Patrimoine Paris, Guide du Promeneur 9e.

Paris: Eglise Saint- Eustache 1er arr


Place du jour


Tel 01 42 36 31 05
Métro Halles

L'église de Saint-Eustache fut construite de 1532 à 1640. Unique en son genre, son plan est celui d'une cathédrale gothique, tandis que sa décoration est Renaissance. Avec ses 33,5 m de haut, 100 m de long et 43 m de large, l'église Saint-Eustache est considérée comme l'un des plus beaux monuments religieux de Paris.
Au croisement de routes combien diverses, héritière de traditions et au cœur d'un quartier nouveau, Saint-Eustache a une vocation particulière d'accueil, animée, depuis 1922, par des prêtres de l'Oratoire. Elle fut jusqu'en 1969 l'église des Halles, elle est aujourd'hui l'église du Forum, ensemble urbain complètement renouvelé.


La plus grande église de Paris, après Notre-Dame dont elle reproduit le plan, a été bâtie au XVIe siècle avec une structure gothique, une décoration renaissance et une façade classique terminée au XVIIIème siècle. Tableaux, fresques, vitraux, vierge de Pigalle, Tombeau de Colbert, orgues réputées.
Par Pierre Lemercier et David, qui y imitent visiblement Notre-Dame


Visites guidées : téléphoner pour connaître dates et heures