Chapitre 11
Le chemin qui conduit au Nibbâna
Le chemin qui conduit au Nibbâna est la voie Moyenne Majjhimâ patipadâ, appelée ainsi parce qu'elle évite deux extrêmes : l'un, l'abandon aux plaisirs sensuels, qui est « bas, grossier, vulgaire, peintures et sans profit » ; l'autre, l'abandon aux mortifications, qui est « douloureux, un pur et sans profit. »
« Rejetant ces deux extrêmes, le Tathâgata (celui qui est venu ainsi) a découvert la voie Moyenne qui donne la perception claire et la Connaissance, qui conduit à la paix, à la sagesse, à l'Eveil, au Nibbâna. » C’est le Noble Octuple qui est composé de huit facteurs :
- La Compréhension Juste Sammâ Ditthi
- La Pensée Juste Sammâ Samkappa
- La Parole Juste Sammâ Vâcâ
- L'Action Juste Sammâ Kammanta
- Les Moyens d'Existence juste Sammâ Ajiva
- L'Effort Juste Sammâ Vâyâma
- L’Attention Juste Sammâ Sati
- La Concentration Juste Sammâ Samâdhi
La voie moyenne, constituée par la Moralité Sîla, la concentration Samâdhi et la sagesse Panna, est résumé dans ces beaux vers :
« Sabba Pâpassa akaranam
Kusalassa upasampadâ
Sacitta pariyodapanam
Etam Buddhâna sâsanam »
« S'abstenir de faire le mal,
Cultivez-le bien,
Purifier son esprit,
Tel est l'enseignement des Bouddhas. »
Le Noble Octuple Chemin qui constitue l'essence de l'enseignement du bouddha, est aussi un chemin de culture et de progrès intérieur.
La Moralité est la première étape sur le Chemin qui mène au Nibbâna.
Un bouddhiste ne tue pas et ne nuit à la vie d’aucun être vivant, il est bon et compatissant envers tous, y compris la plus petite des créatures qui rampe à ses pieds.
Il ne prend pas le bien d’autrui et pratique l’honnêteté et la droiture en toutes circonstances.
Il ne cède pas aux convoitises de la chair, pour ne pas avilir la noble nature de l’homme.
Il se garde du mensonge, car il doit être toujours sincère et digne de confiance.
Or il s'abstient de l'usage des boissons enivrantes des stupéfiants qui l'empêchent d'être sobre et diligent.
Un vrai bouddhiste est tenu d’observer ces principes éthiques fondamentaux dans sa vie quotidienne. Pour celui qui est déterminé à suivre l’Octuple Chemin de la paix, la non observance de ces principes crée des obstacles qui retarderaient sa marche vers la Délivrance.
Si les circonstances le permettent, le pèlerin spirituel peut progresser en observant trois ou cinq préceptes de plus.
Ainsi, aspirant vigilant, avance-t-il lentement et régulièrement, maître de ses paroles, de ses actes et de ses sens. Il se peut que sa force Kammique le pousse à renoncer aux plaisirs terrestres et à adopter la vie de l'ascète. Il pense alors que :
« Source de conflits est la vie de famille,
Pleine de labeur et de soucis.
Mais le libre est haut comme le ciel,
La vie que les sans- foyer mènent
Cependant, il n'est pas nécessaire d'être un Bhikkhu pour pouvoir atteindre son but. Un Bhikkhu fait des progrès spirituels plus rapides, mais un disciple laïc a aussi toutes possibilités de devenir un saint.
Prenant fermement appui sur la Moralité, le pèlerin poursuit son chemin en abordant une pratique plus élevée, le Samâdhi, la discipline mentale qui constitue la deuxième et à sur le Chemin de la Pureté.
Le Samâdhi consiste à concentrer son esprit et à le garder fixer sur un seul point, à l'exclusion à tout autre. Parmi les différents sujets de méditation qui varie selon le tempérament de chaque individu, il y a la concentration sur la respiration, la plus facile, qui permet de discipliner l'esprit ; la méditation sur les Quatre Etats Sublimes Brahmavihâra : l'amour universel Mettâ, la compassion Karunâ, la joie sympathique Muditâ et l'équanimité Upekkhâ, qui apportent la paix de l'esprit et le bonheur. Ces Quatre Etats sont aussi appelés les Quatre Etats Illimitables, parce qu'ils sont dépensés nobles et purs adressés à tous les êtres vivants, sans limitation.
Après avoir soigneusement choisi le sujet de méditation qui lui convient le mieux, il s'efforce de fixer son attention sur ce sujet, jusqu'à s’y absorber si complètement que toutes les autres pensées s'effacent de son esprit.
Les cinq obstacles qui gênent sa progression, c'est-à-dire, les désirs sensuels, la haine, la paresse et l'indolence, l'agitation et les pensées harcelantes, le doute, sont temporairement écartés. Finalement, il atteint à la concentration extatique, et à sa grande joie, il s'absorbe tant le Jhâna. Il peut alors jouir du calme et de la sérénité que donne une parfaite absorption méditative de l'esprit.
Arrivé à ce stade, il est capable de développer les Cinq Pouvoirs Supra Normaux qui sont l'Œil Divin, l'Oreille Divine, le Souvenir des Existences passées, la Lecture des Pensés et divers Pouvoirs Psychiques. Toutefois il n'est pas indispensable de posséder ces pouvoirs supra normaux pour parvenir à la sainteté.
Il reste aux pèlerins à repousser définitivement les obstacles qui pourraient resurgir sur son Chemin, à détruire complètement les passions momentanément domptées par la Discipline et la Concentration ; à parvenir à la troisième et dernière étape, la Vision Pénétrante Vipassanâ Pannà, qui seule lui permet d'acquérir la parfaite connaissance de toutes choses et atteindre le But Ultime.
Avec son esprit bien discipliné et semblable maintenant à un miroir poli, il regarde le monde pour avoir une vue juste de la vie. Dans quelque direction qu'il tourne, il ne distingue nettement que les Trois Caractéristiques : l'Impermanence Anicca, la souffrance Dukkha et le Non-soi Anatta. Il comprend qu'il n'y a rien qui ne soit conditionné par une cause ; que tout ce qui est conditionné et impermanent et que la vie est un perpétuel changement. Ni aux cieux ni sur la terre il n'existe de vrai bonheur, car tout plaisir dans son essence est source de souffrance, et est le prélude à la douleur. La souffrance provient de l'impermanence, et là où il y a changement et souffrance, il ne peut exister d'âme immortelle.
Il choisit alors une des Trois Caractéristiques et continue inlassablement à développer la Vision Pénétrante dans cette direction, jusqu'au glorieux où il entrevoit le Nibbâna, après s'être débarrassé des trois premières Entraves qui sont : l’Illusion du Soi, le Doute, la Croyance en l'efficacité des rites et cérémonies.
Il a ainsi atteint la première Etape de l'Emancipation conduisant à la Sainteté. Il est appelé un Sotâpanna - celui qui est entré dans le courant menant au Nibbâna. Comme il n'a pas brisé toutes les Entraves, il renaîtra encore sept fois tout au plus.
Cultivant encore plus profondément la Vision Pénétrante de la Sagesse, le Noble Pèlerin avance rapidement et atteint la deuxième Etape de l'Emancipation conduisant à la Sainteté. Il devient un Sakadâgami - celui qui reviendra une fois en rejetant progressivement deux Entraves de plus, c'est-à-dire les désirs sensuels et la Répulsion. Il ne retenait être à plus qu'une seule fois, au ras où il ne deviendra pas un Arahat.
C'est à la troisième Etape de l'Emancipation conduisant à la Sainteté qu'il devient un Anâgâmi - celui qui ne reviendra plus - est-il détruit complètement les deux Entraves susmentionnées. Par la suite, il ne reviendra plus sur cette terre et ne cherchera pas à renaître dans les royaumes célestes, car il n'a plus de désirs sensuels. Après sa mort, il renaîtra dans les Pures Demeures Suddhâvâsa, jusqu'à ce qu'il devienne un Arahat.
Maintenant, encouragé par le succès de ses efforts, le Saint Pèlerin fait le reste du chemin, en détruisant les cinq dernières Entraves qui sont ! Le désir de vivre dans les Royaumes des Formes, le désir de vivre dans les Royaumes sans Formes, l’Orgueil, l’Agitation et l’Ignorance. Ayant atteint la quatrième et dernière Etape de l’Emancipation conduisant à la Sainteté, il devient un Saint, un Parfait, un Arahat.
Il sait alors que ce qui devait être accompli a été accompli, qu’il a détruit toutes les impuretés, qu’il s’est libéré d’un lourd fardeau de souffrances, qu’il a totalement anéanti toutes les formes d’attachement et d’ignorance, et qu’il a atteint le Nibbâna. Le parfait se tient à présent au-dessus des sommets célestes bien loin des passions tumultueuses et des souillures du monde. Il jouit de la béatitude indicible du Nibbâna, et comme les Arahats d’autrefois, il laisse entendre ce chant de joie :
« Volonté et Sagesse, esprit dompté par la discipline,
Noble conduite fondée sur la Moralité,
Purifient les mortels, ce que ne peuvent faire le rang ou la richesse
Comme le dit T. H. Huxley : « Le Bouddhisme est un système qui n’a pas de Dieu dans le sens où les Occidentaux le conçoivent qui nie l’existence d’une âme chez l’homme qui considère que la croyance en l’immortalité est une erreur, qui refuse de croire à l’efficacité des prières et des sacrifices qui recommande aux hommes de ne compter que sur leurs propres efforts pour parvenir à la libération, qui dans sa pureté originelle, ne comportait pas de vœux d’obéissance et ne recherchait pas l’aide du bras séculier, mais qui cependant, demeure encore la croyance dominante d’une large fraction de l’humanité. »
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