Chapitre 10
NIBBANA
Ce processus de naissance et de mort continue ad infinitum, jusqu’à ce que le flux soit recréé en Nibbâna-Dhâtu, le but ultime des bouddhistes.
Le mot pâli Nibbâna est formé de la particule négative Ni et de Vâna qui signifie « tissage » ou « désir » Ce désir est comme une corde qui relie une existence à une autre.
« Il est appelé Nibbâna pars ce qu’il est l’évasion du désir égoïste, appelé Vanâ. »
Littéralement Nibbâna signifie absence d’attachement. Quand toutes les formes du désir sont détruites, l’énergie Kammique cesse d’agir, la ronde des existences s’arrête et le Nibbâna est réalisé. La conception bouddhique de la Délivrance est l’évasion de ce cycle sans fin de la vie et de la mort, pas simplement l’évasion du péché et de l’enfer.
En un sens, le Nibbâna est aussi expliqué comme l’extinction du feu du Désir Lobha, de la Haine Dosa et de l’Illusion Moha.
« Le monde entier est en flammes » a dit le Bouddha. « Par quel feu est-il embrasé ? Par le feu du désir, par le feu de la naissance, de la vieillesse, de la mort, de la souffrance, des lamentations, de la douleur, du chagrin et du désespoir, il est embrasé. »
Cependant, le Nibbâna n’estpas un simple fait d’extinction ou de cessation. L’extinction de ces flammes ne constitue qu’un moyen d’atteindre le but final.
Le Nibbâna bouddhique n’est pas non plus le néant ou un état qui est annihilé, du fait que nos cinq sens ne nous permettent pas de le percevoir. Le croire ainsi serait aussi illogique que d’affirmer que la lumière n’existe pas, du fait que l’aveugle ne peut pas la percevoir. Dans l’histoire bien connue du poisson et de la tortue, cette dernière qui pouvait vivre indifféremment dans l’eau et sur la terre, ne parvenait pas à faire comprendre à son compagnon la vraie nature de la terre ferme, mais celui-ci qui ne connaissait pas d’autre univers que la mer, ne pouvait pas imaginer qu’il existait un autre élément que l’eau. Finalement, le poison arrêta la conversation en déclarant triomphalement que la terre n’existait pas.
Il n’est pas possible de donner une définition exacte du Nibbâna en termes conventionnels. Il ne peut pas être décrit, il peut seulement être réalisé. « Il est un était qui est non-né, non-produit, non-créé, non-formé » Contrairement au Samsâra, il est éternel Dhuva, désirable Subba et heureux Sukka. Dans le Nibbâna, rien n’est « éternisé » et rien n’est anéanti. Seule la souffrance est anéantie.
Le Nibbâna est la béatitude suprême, parce qu’il n’est pas un bonheur expérimenté par les sens. C’est un état heureux de vrai soulagement par la libération des maux du renoncement. »
Le Nibbâna n’est situé nulle part, il n’est pas non plus une sorte de paradis où réside un « ego » transcendant. C’est un état que nous devons réaliser en nous, une connaissance intuitive à laquelle nous pouvons tous parvenir, dans cette vie même. Cette conception bouddhique du Nibbâna est à l’opposé des autres conceptions qui affirment qu’un paradis éternel ne peut être atteint qu’après la mort ou qu’une union avec un Dieu ou avec une Essence Divine ne peut être accomlie que dans l’Au-delà.
Quand il est réalisé dans cette vie même, le Nibbâna est appelé Sopâdisesa Nibbâna-Dhâtu. Dans le cas d’un Aranat qui atteint le Parinibbâna, après la désintégration de son corps, et sans que rien ne subsiste de son existence temporelle , le Nibbâna est appelé Anupâdisesa Nibbâna-Dhâtu.
« S’ils prêchent que le Nibb$ana est la cessation,
Dites qu’ils mentent.
S’ils prêchent que le Nibbâna est la vie,
Dites qu’ils se trompent » (Sir Ewin Arnold)
Du point de vue métaphysique, le Nibbâna est la délivrance de la douleur. Du point de vue psychologique, le Nibbâna est la destruction de l’égoïsme. Du point de vue éthique le Nibbâna est l’extinction du désir ; de la haine et de l’ignorance.
« Le feu des passions n'existe pas pour celui qui a terminé son voyage, qui est délivrée de toute douleur, qui est complètement libéré, qui a détruit tout attachement. »
(Dhammapada)
L’Arahat-t-il après la mort ? Le Bouddha répondit : «L’Arahat qui s’est libéré des cinq agrégats, et profond, incommensurable comme le vaste océan. Dire qu'il renaît, cela n'est pas exact. Dire qu'il ne renaît pas, cela n'est pas exact. Dire qu'il existe après la mort, cela n'est pas exact. Dire qu'il n'existe pas après la mort, cela n'est pas exact ».
On ne peut pas dire qu'un Arahat renaît, car toutes les passions qui conditionnent la re- naissance ont été détruites. Ni qu'un Arahat est anéanti, car il n'y a rien à anéantir.
Le savant Robert Oppenheimer est écrit : « quand nous demandons, par exemple, si la position de l'électron reste la même, si nous devons dire un « sinon » quand nous demandons si la position de l'électron change avec le temps, nous devons dire « non » ; quand nous demandons si l'électron est au repos, nous devons dire « non » ; quand nous demandons s'il est en mouvement, nous devons dire « non ». »
« Le Bouddha donnait des réponses de ce genre, quand on l'interrogeait sur les conditions du « moi » de l'homme après sa mort. Mais se sonder et on se non conforme à la tradition de l'esprit scientifique du XVIIe et du XVIIIe siècle. »
En résumé, qu'est-ce que donc que le Nibbâna ? Cette question ne pourra jamais recevoir une réponse précise et satisfaisante. Le Nibbâna
ne peut être perçu par les cinq sens, il ne peut pas être décrit par le langage humain. Il est situé au-delà de la logique du raisonnement. Malgré toutes nos discussions spéculatives, nous ne saurons jamais en mesure de discerner sa vraie nature.
Le meilleur moyen de comprendre le Nibbâna
et de le réaliser, pendant nos efforts, dès maintenant, verseuse lutte qui reste encore cachée à nos yeux, d'avancer avec courage et constance sur le Chemin qui y mène, ce Chemin que le Bouddha a parcouru est qu'il a montré à ses disciples.
Puis, un jour, au bout du Chemin, apparaît le but suprême, clair, sûr, défini, aussi lumineux que la lune émergeant des nuages.
La Vérité Eternelle, la Réalité Ultime. L'Inconditionné, le Nibbâna est atteint.

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