« Pour moi, je puis affirmer que rien, dans ma première
enfance, ne me fit plus d’impression que
d’avoir vu le Panthéon entre moi et le soleil... Je fus saisi, ravi, atteint,
et plus que je ne l’ai été de très grands événements, ils ont passé ! Cette
heure me reste, et m’illumine encore. »
Jules
Michelet, Mémoires de jeunesse 1888
Son origine remonte au vœu fait par Louis XV, lors de la
grave maladie qu’il eut pendant le siège de Metz, en 1744, d’élever une belle
église s »il guérissait. Il décida donc de reconstruire l’église de l’abbaye
Sainte-Geneviève, très délabrée. Soufflot en fut chargé, qui, fait rare à l’époque,
appréciait le gothique et rêvait de réunir « la légèreté de l’architecture
gothique et la magnificence de l’architecture grecque. » Les travaux
préliminaires commencèrent en 1755 et le manque de solidité du sous-sol empêcha
d’effectuer la pose de la première pierre avant 1764. Mais une cabale mettant
en cause la sécurité et la solidité du terrain ralentit le chantier, aboutit à
la création d’une commission d’inspection en 1777, cependant que Soufflot
mourait en 1780, Rondelet poursuivit son œuvre jusqu’en 1790.
En 1791, la Constituante décida de faire de l’église une
nécropole des grands hommes, le Panthéon, et, pour mieux rendre cette
atmosphère sépulcrale, on mura les fenêtres. Les premiers hôtes de ces
sépultures furent : Mirabeau, Voltaire, Rousseau, Marat ; la mode
ayant changé, Mirabeau et Marat disparurent. En 1806, l’église fut rendue au
culte, puis redevint Panthéon (1831-1852) par la volonté de Louis-Philippe, qui
voulait réconcilier les hommes et les époques pour la gloire de la France ;
de 1852 à 1885, ce fut à nouveau un lieu de culte et même une basilique
nationale, mais le transfert du corps de Victor Hugo décida définitivement de
son affectation funéraire.
Extérieurement, c’est le dôme qui a fait la célébrité du
Panthéon. Sa façade rappelle un peu un temple antique (le Panthéon de Rome), précédé
d’un péristyle surmonté d’un fronton décoré par David d’Angers (La Patrie ente
la Liberté et l’Histoire distribue les couronnes aux grands hommes). De part et
d’autre de la porte, deux groupes de marbre représentent Le Baptême de Clovis
et Sainte Geneviève et Attila.
L’intérieur impressionne par l’ampleur et la majesté des volumes.
Le plan en croix grecque détermine quatre nefs rythmées de colonnes
corinthiennes et, à leur convergence, une vaste coupole. Le décor intérieur est
très largement inspiré de l’histoire nationale : outre la vie de sainte
Geneviève amplement narrée par Puvis de Chavannes, saint Denis, Clovis,
Charlemagne, saint Louis, Jeanne d’Arc sont les principaux héros représentés ;
et certains concepts ont été retenus : Vers la Gloire (Detaille), L’idée
de patrie (Humbert), Les Grandes Destinées du peuple français (mosaïque d’après
Hébert, à la voûte du chœur).
Le dôme saisit par la majesté de ses trois coupoles dont la
seconde, par Gros, figure L’Apothéose de sainte Geneviève, en compagnie de
Louis XVI et de Louis XVIII. Ses pendentifs sont occupés par les grands idéaux
(La Gloire, La Justice, La Patrie et La Mort, d’après Gérard). Aux piliers du
dôme, on trouve des monuments à Diderot (Terroir), à Jean-Jacques Rousseau
(Bartholomé) aux généraux de la Révolution (Gasq) et aux orateurs de la Restauration
(Marqueste) ; enfin, au fond du chœur, Sicard a réalisé un groupe
monumental : La Convention.
Dans la crypte sont regroupés les tombeaux de soixante et un
personnages inhumés ici.
La place du Panthéon
Elle ne saurait être disjointe de l’édifice ; en effet,
lorsque Soufflot fit les plans du bâtiment, vers 1760, il conçut l’aménagement
du secteur avec une grande place rectangulaire devant la façade d’où partait,
dans l’axe, une rue (la future rue Soufflot) jusqu’au jardin du Luxembourg,
créant ainsi une belle perspective à l’église. Pour diverses raisons, les
travaux ne furent que partiellement réalisés : l’architecte eut presque le
temps d’achever l’Ecole de droit (1771-1783), au n° 12. Celle-ci a été agrandie
à plusieurs reprises depuis. En face, au n° 21, la mairie du Ve
arrondissement est due à Hittorff (1844-1846).
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