lundi 15 septembre 2014

Le Panthéon et la place du Panthéon

« Pour moi, je puis affirmer que rien, dans ma première enfance, ne  me fit plus d’impression que d’avoir vu le Panthéon entre moi et le soleil... Je fus saisi, ravi, atteint, et plus que je ne l’ai été de très grands événements, ils ont passé ! Cette heure me reste, et m’illumine encore. »
                                   Jules Michelet, Mémoires de jeunesse 1888

Son origine remonte au vœu fait par Louis XV, lors de la grave maladie qu’il eut pendant le siège de Metz, en 1744, d’élever une belle église s »il guérissait. Il décida donc de reconstruire l’église de l’abbaye Sainte-Geneviève, très délabrée. Soufflot en fut chargé, qui, fait rare à l’époque, appréciait le gothique et rêvait de réunir « la légèreté de l’architecture gothique et la magnificence de l’architecture grecque. » Les travaux préliminaires commencèrent en 1755 et le manque de solidité du sous-sol empêcha d’effectuer la pose de la première pierre avant 1764. Mais une cabale mettant en cause la sécurité et la solidité du terrain ralentit le chantier, aboutit à la création d’une commission d’inspection en 1777, cependant que Soufflot mourait en 1780, Rondelet poursuivit son œuvre jusqu’en 1790.
En 1791, la Constituante décida de faire de l’église une nécropole des grands hommes, le Panthéon, et, pour mieux rendre cette atmosphère sépulcrale, on mura les fenêtres. Les premiers hôtes de ces sépultures furent : Mirabeau, Voltaire, Rousseau, Marat ; la mode ayant changé, Mirabeau et Marat disparurent. En 1806, l’église fut rendue au culte, puis redevint Panthéon (1831-1852) par la volonté de Louis-Philippe, qui voulait réconcilier les hommes et les époques pour la gloire de la France ; de 1852 à 1885, ce fut à nouveau un lieu de culte et même une basilique nationale, mais le transfert du corps de Victor Hugo décida définitivement de son affectation funéraire.
Extérieurement, c’est le dôme qui a fait la célébrité du Panthéon. Sa façade rappelle un peu un temple antique (le Panthéon de Rome), précédé d’un péristyle surmonté d’un fronton décoré par David d’Angers (La Patrie ente la Liberté et l’Histoire distribue les couronnes aux grands hommes). De part et d’autre de la porte, deux groupes de marbre représentent Le Baptême de Clovis et Sainte Geneviève et Attila.
L’intérieur impressionne par l’ampleur et la majesté des volumes. Le plan en croix grecque détermine quatre nefs rythmées de colonnes corinthiennes et, à leur convergence, une vaste coupole. Le décor intérieur est très largement inspiré de l’histoire nationale : outre la vie de sainte Geneviève amplement narrée par Puvis de Chavannes, saint Denis, Clovis, Charlemagne, saint Louis, Jeanne d’Arc sont les principaux héros représentés ; et certains concepts ont été retenus : Vers la Gloire (Detaille), L’idée de patrie (Humbert), Les Grandes Destinées du peuple français (mosaïque d’après Hébert, à la voûte du chœur).
Le dôme saisit par la majesté de ses trois coupoles dont la seconde, par Gros, figure L’Apothéose de sainte Geneviève, en compagnie de Louis XVI et de Louis XVIII. Ses pendentifs sont occupés par les grands idéaux (La Gloire, La Justice, La Patrie et La Mort, d’après Gérard). Aux piliers du dôme, on trouve des monuments à Diderot (Terroir), à Jean-Jacques Rousseau (Bartholomé) aux généraux de la Révolution (Gasq) et aux orateurs de la Restauration (Marqueste) ; enfin, au fond du chœur, Sicard a réalisé un groupe monumental : La Convention.
Dans la crypte sont regroupés les tombeaux de soixante et un personnages inhumés ici.

La place du Panthéon

Elle ne saurait être disjointe de l’édifice ; en effet, lorsque Soufflot fit les plans du bâtiment, vers 1760, il conçut l’aménagement du secteur avec une grande place rectangulaire devant la façade d’où partait, dans l’axe, une rue (la future rue Soufflot) jusqu’au jardin du Luxembourg, créant ainsi une belle perspective à l’église. Pour diverses raisons, les travaux ne furent que partiellement réalisés : l’architecte eut presque le temps d’achever l’Ecole de droit (1771-1783), au n° 12. Celle-ci a été agrandie à plusieurs reprises depuis. En face, au n° 21, la mairie du Ve arrondissement est due à Hittorff (1844-1846).

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