mercredi 23 novembre 2011

La Franc-Maçonnerie en France Chapitre XVII

Du côté de la France libre, le général de Gaulle s’abstient jusqu’en 1943 de prendre position sur le problème de la Maçonnerie. Après l’arrivée à Alger du Grand Maître Michel Dumesnil de Gramont, désigné pour représenter le mouvement Libération-Sud à l’Assemblée consultative provisoire, et après l’intervention à la tribune du syndicaliste Yvon Morandat (qui deviendra franc-maçon par la suite) le général finit par déclarer : Nous n’avons jamais reconnu les lois d’exception de Vichy. En conséquence, la Franc-Maçonnerie n’a jamais cessé d’exister en France. »
 A Paris, une réunion se tient le 3 août 1943 dans un bureau de la mairie du XVIIIe arrondissement. On y parle de l’avenir de la Maçonnerie et d’une possible réunification de l’Ordre lorsque la guerre sera terminée. Le Grand Orient, la Grande Loge, le Suprême Conseil (qui administre les hauts grades de l’Ecossisme) et le Grand Collège des Rites (qui administre les hauts grades du Grand Orient) y participent. Un comité d’initiative est mis en place, dans lequel siègent les « frères » Soubret, Virmaud et Baylot pour le Grand Orient, Cauwel et Buisson pour la Grande Loge, Corneloup pour le Grand Collège des Rites, Riandey et Marsaudon pour le Suprême Conseil. Ce comité décide que, lorsque la France sera libérée, le réveil de la Franc-Maçonnerie se fera sous la forme de loges provisoires qui procèderont à la réintégration de leurs membres après enquête sur leur attitude pendant l’Occupation. Il est également prévu que les députés des loges ainsi reconstituées se réuniront ensuite en convents parallèles, qui s’efforceront d’élire un directoire unique chargé d’assurer la fusion du Grand orient et de la Grande Loge.
Peu après la Libération de Paris, les premières circulaires adressées aux ateliers par les membres du conseil fédéral de la Grand Loge portent le titre commun de « Franc-Maçonnerie de France ». L’unité est-elle définitivement refaite ? Certains le croient, d’autres se contentent encore de l’espérer.
Hélas ! Il suffit de trois mois de négociations pour tout remettre en question. Le 1er janvier 1945, le vieux maçon Arthur Groussier, doyen du parti socialiste, écrit à Corneloup que l’opération de réunification lui parait bien compromise. Le Suprême Conseil et la Grande Loge font en effet remarquer que ceux de leurs membres qui ont siégé pendant l’Occupation au comité d’initiative n’étaient pas dûment mandatés et n’ont donc engagé qu’eux-mêmes.
Finalement, en septembre 1945, le convent de la Grande Loge de France, se prononce à l’unanimité contre tout projet de fusion avec le Grand Orient.
L’obédience de la rue Puteaux (c’est –à-dire la Grande Loge) est à partir de ce moment fort préoccupée de se faire reconnaître par la Grande Loge Uni d’Angleterre. Elle s’éloigne en conséquence du Grand Orient, et, en 1955, le Grand Maître Louis Doignon envisage une fusion avec la Grande Loge Nationale Française (dont le siège se trouve boulevard Bineau à Neuilly). Il adresse une circulaire dans ce sens aux ateliers de la Grande Loge de France. Mais son projet est dénoncé ouvertement par plusieurs vénérables comme une véritable abdication. Les réactions sont même si violentes que Doignon est contraint d’avertir les loges qu’il retire de la discussion la circulaire qu’il leur a adressée.
Le grand commandeur Corneloup révélera plus tard qu’un haut dignitaire de la Grande Loge Unie d’Angleterre, le révérend Naylor, important ecclésiastique de l’Eglise anglicane, était venu spécialement de Londres à Neuilly, au siège de la Grande Loge Nationale Française pour superviser le projet de fusion. Corneloup était alors tenu au courant par un membre de sa loge, chef de réception au Grand Hôtel, à Paris, auquel un maçon de la Grande Loge Nationale faisait ses confidences sur les négociations en cours sans même savoir que son interlocuteur appartenait au Grand Orient de France !

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