mercredi 23 novembre 2011

La Franc-Maçonnerie en France Chapitre XVIII

La mort du Grand Maître Antonio Coen, en 1956, et l’arrivée de l’avocat Richard Dupuy à la tête de la Grande Loge de France, qu’il marquera de sa personnalité pendant vingt ans, changent brusquement les données du problème. Le nouveau Grand Maître souhaite vivement un rapprochement entre son obédience et le Grand Orient. Le 20 décembre 1958, sur son initiative, la Grande Loge de France propose au Grand Orient et à la Grande Loge Nationale Française de constituer ensemble un Grand Conseil des Grandes Loges Unies de France. Mais, une fois encore, la tentative de réunification échouera : le Grand Orient, considérant que ce projet ne respecte pas suffisamment le principe de la liberté absolue de conscience, ne soumettra même pas cette proposition à ses loges.

 A la place du rapprochement souhaité, on assiste bientôt à un nouvel  éclatement ; uns scission se produit au sein de la Grande Loge Nationale Française (Neuilly). Le « frère » Ribaucourt et l’éditeur Foucauld prétendent que l’Intelligence Service contrôle l’obédience du boulevard Bineau, et que la majorité des membres de cette puissance maçonnique sont des citoyens anglais et américains. Ils fondent alors une nouvelle Grand Loge, que l’on appellera vite la Grand Loge Nationale (Opéra) en raison du lieu ù se trouve son siège-Avenue de l’Opéra.
Pour aggraver encore l’était de division de la Maçonnerie française, la Grande Loge de France décide le 19 septembre 1959, de rompre toutes relations avec le Grand Orient. Dans le même temps, sous la pression de la Grande Loge unie d’Angleterrre, qui a durci sa position à l’égard des obédiences jugées par elle irrégulières, la Grande Loge Nationale Française s’éloigne, elle aussi, de la Grande Loge de France.
Au convent de 1960 de cette dernière obédience, le Grand Maître Doignon reproche au Grand Orient de s’écarter de plus en plus des voies initiatiques et de vouloir ainsi jeter ses membres dans le combat politique en multipliant les avances aux Etats communistes, qui ont pourtant interdit chez eux toutes les activités maçonniques.
En 1962, il devient évident qu’un drame se prépare rue Puteaux (siège de la Grande Loge de France). Le Suprême Conseil oriente en effet toutes ses initiatives en direction du boulevard Bineau, alors que la Grande Loge, de toute évidence, souhaite renouer avec la rue Cadet (le Grand Orient). La crise éclatera lorsque, dans le sillage du Grand Commandeur Charles Riandeu, une partie du Suprême Conseil de France passera avec armes et bagages à Bineau.
Petite à petit, la crise sera surmontée. Sous l’impulsion des nouveaux Grands Commandeurs e la rue Puteaux, Henri Bittard, puis le magistrat Alexis Zoussmann, un nouveau Suprême Conseil se constituera.
Depuis, sous la direction des Grands Maîtres Richard Dupuy et Pierre Simon pour laGrande Loge, Jean-Pierre Prouteau et Serge Béhar pour le Grand Orient de France, les maçons de la rue Cadet et ceux de la rue Puteaux se rapprochent très nettement, et sans doute verra-t-on dans les années qui viennent les deux obédiences françaises les plus importantes par le nombre, tout en maintenant leur indépendance organique, constituer à l’imitation de l’Allemagne fédérale une confédération unitaire des puissances maçonniques françaises.
Prévoir cette échéance suffit à provoquer les protestations de la Grande Loge Nationale Française (Neuilly), laquelle, depuis des années, inonde la presse française de communiqués et de mises au point destinés à rappeler qu’elle est la seule obédience reconnue par la Maçonnerie anglo-saxonne. Ce qui est vrai.
Il n’en demeure pas moins, que sur un total d’environ 60 000 francs-maçons français, cette obédience « régulière » n’en regroupe que 4 700
 Certes, en matière initiatique, le nombre ne fait pas la valeur. Il conditionne malgré tout la représentativité !

Loys Dechamp

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