Cette division a dans l’histoire maçonnique une importance considérable.
En effet, le Grand Orient fondera toujours sa légitimité en proclamant qu’il est l’héritier direct de l’ancienne Grande Loge de France. En revanche, les adversaires de cette thèse ne cesseront de soutenir que le Grand Orient a été en 1773, une obédience nouvelle, la Grande Loge s’étant prolongée sans interruption depuis sa création. (En célébrant avec solennité en 1973 le deuxième centenaire de sa fondation, le Grand Orient de France donnera l’impression d’apporter de l’eau au moulin de ses adversaires).
A partir de 1773, il existe donc en France deux obédiences, tantôt rivale, tantôt alliées, qui prétendent chacune détenir en exclusivité la régularité maçonnique. Cette situation va fatalement creuser le fossé et exacerber les particularismes.
C’est en 1782 qu’apparait la coutume de placer dans le temple maçonnique une Bible ouverte au chapitre de saint Jean.
Avec la Révolution de 1789, on va assister à la politisation de nombreuses loges. Dans un ouvrage intitulé la Franc-Maçonnerie dans la Loire-Inférieure, que préfaça le Grand Maître Dumesnil de Gramont, M. Henri Librec a résumé en un tableau fort significatif ce que fut l’évolution de la Maçonnerie nantaise. Cette évolution peut être rapprochée de celle de nombreuses loges d’autres régions.
1789 : la Franc-Maçonnerie se place à la tête de la bourgeoisie libérale et réformatrice.
1790-1793 : elle est influencée par les idées girondines.
1794-1795 : elle s’oppose à la dictature de la Montagne
1795-1815 : elle est républicaine
1815-1830 : elle est républicaine, mais elle se rallie au dernier essai de monarchie constitutionnelle pour faire échec aux idées de dictature.
1832-1848 : elle est de nouveau républicaine
Pourtant la Révolution a bien failli tuer la Maçonnerie française. En 1791, la Grande Loge de France cesse ses travaux. Le Grand Orient fait de même en 1793. Certains temples maçonniques sont envahis et pillés par la foule. Des dignitaires sont jetés en prison.
Le 22 février 1793, le duc d’Orléans, Grand Maître en exercice renie publiquement la Maçonnerie dans une lettre adressée au journaliste Milscent. Le 13 mai suivant, une assemblée générale extraordinaire du Grand Orient prend connaissance de sa lettre de démission. Le président de la séance saisit alors l’épée du Grand Maître indigne, la brise sur ses genoux et en lance les morceaux dans l’assistance.
Le Grand Orient ne reprendra ses activités qu’en décembre 1795, après la fin de la Terreur. La Grande Loge suivra le 17 octobre 1796.
De 1797 à 1799, les deux obédiences mènent des négociations en vue de reconstituer l’unité de la Maçonnerie française. Elles finissent par aboutir : les différentes loges fusionnent au sein du Grand Orient. Mais cette unité ne dure que cinq ans. En 1804, en effet, le comte de Grasse-Tilly, de retour d’Amérique, crée la Grande Loge Générale Ecossaise de France et le Suprême Conseil, chargé de géré les hauts grades de cette obédience.
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