La Maçonnerie française s’émancipe ...et se dispute
A partir de 1735, commence à circuler sous le manteau parmi les premiers francs-maçons français le Discours rédigé par le chevalier de Ramsay, un jeune aristocrate que Fénelon a converti au catholicisme. Dans ce texte, Ramsay proclame pour la première fois le caractère universel de l’ordre maçonnique, dénonce le patriotisme agressif et célèbre l’amour de l’humanité. Il se pose en précurseur des Encyclopédistes en demandant à tous les francs-maçons de s’unir pour rassembler les matériaux d’un dictionnaire universel des arts libéraux et des arts utiles, n’exceptant que la théologie et la politique. En fait, il jette ainsi les bases de l’Ecossisme, c’est-à-dire de la Maçonnerie des hauts grades, inspirée non plus de la tradition des maçons opératifs mais de celles des ordres chevaleresques.
Le premier Grand Maître de la Société des francs-maçons dans le royaume de France est James Hector Mac-leane, chevalier baronet d’Ecosse. En 1736, c’est le catholique stuartiste Derwentwater, pair d’Angleterre, qui lui succède. Quand ce dernier rentre dans son pays pour reprendre la lutte contre la dynastie des Hanovre, c’est un prince français du sang, Louis de Pardaillan de Gondrin, Duc d’Antin, qui devient, le 24 juin 1738, Grand Maître général et perpétuel des maçons dans le royaume de France. Avec lui, la jeune Maçonnerie française s’émancipe de la tutelle de la Grande Loge d’Angleterre.
A sa mort en 1743, seize vénérables convoquent une assemblée, qui prend le titre de Grande Loge Anglaise de France et qui désigne comme nouveau Grand Maître, Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont.
En 1761, un conflit éclate au sein de la Maçonnerie française. Un tel état d’anarchie règne dans l’obédience que le comte de Clermont doit retirer au maître à danser Lacorne l’office de substitut du Grand Maître pour l’attribuer au magistrat Chaillon de Jonville. Mais les partisans de Lacorne refusent de s’incliner. En 1765, ils vont même jusqu’à forcer la porte du temple où les dignitaires célèbrent la fête solsticiale d’hiver. On en arrive aux coups ; on s’arrache les tabliers, les cordons, les sautoirs, les perruques... la police doit intervenir pour rétablir l’ordre.
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