mercredi 23 novembre 2011

La Franc-Maçonnerie Chapitre X


La Maçonnerie française s’émancipe ...et se dispute

A partir de 1735, commence à circuler sous le manteau parmi les premiers francs-maçons français le Discours rédigé par le chevalier de Ramsay, un jeune aristocrate que Fénelon a converti au catholicisme. Dans ce texte, Ramsay proclame pour la première fois le caractère universel de l’ordre maçonnique, dénonce le patriotisme agressif et célèbre l’amour de l’humanité. Il se pose en précurseur des Encyclopédistes en demandant à tous les francs-maçons de s’unir pour rassembler les matériaux d’un dictionnaire universel des arts libéraux et des arts utiles, n’exceptant que la théologie et la politique. En fait, il jette ainsi les bases de l’Ecossisme, c’est-à-dire de la Maçonnerie des hauts grades, inspirée non plus de la tradition des maçons opératifs mais de celles des ordres chevaleresques.
Le premier Grand Maître de la Société des francs-maçons  dans le royaume de France est James Hector Mac-leane, chevalier baronet d’Ecosse. En 1736, c’est le catholique stuartiste Derwentwater, pair d’Angleterre, qui lui succède. Quand ce dernier rentre dans son pays pour reprendre la lutte contre la dynastie des Hanovre, c’est un prince français du sang, Louis de Pardaillan de Gondrin, Duc d’Antin, qui devient, le 24 juin 1738, Grand Maître général et perpétuel des maçons dans le royaume de France. Avec lui, la jeune Maçonnerie française s’émancipe de la tutelle de la Grande Loge d’Angleterre.
A sa mort en 1743, seize vénérables convoquent une assemblée, qui prend le titre de Grande Loge Anglaise de France et qui désigne comme nouveau Grand Maître, Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont.
En 1761, un conflit éclate au sein de la Maçonnerie française. Un tel état d’anarchie règne dans l’obédience que le comte de Clermont doit retirer au maître à danser Lacorne l’office de substitut du Grand Maître pour l’attribuer au magistrat Chaillon de Jonville. Mais les partisans de Lacorne refusent de s’incliner. En 1765, ils vont même jusqu’à forcer la porte du temple où les dignitaires célèbrent la fête solsticiale d’hiver. On en arrive aux coups ; on s’arrache les tabliers, les cordons, les sautoirs, les perruques... la police doit intervenir pour rétablir l’ordre.
 A la suite de cet incident, les vénérables des plus vieilles loges parisiennes sont radiés de l’Ordre. Comme le « frère » Labady veut constituer une nouvelle obédience avec les exclus, qu’il réunit chez lui, il est arrêté et mis en résidence surveillée à Blois. Le lieutenant de police Sartine finit par interdire toutes les réunions de loges. Celles qui poursuivent malgré tout leurs activités vont travailler pendant quatre ans sans avoir entre elles aucune relation obédientielle.
 Le comte de Clermont meurt le 16 juin 1771. Cinq jours plus tard, le réveil de la Grande Loge est décidé. Le duc de Chartres est élevé à la Grande Maîtrise avec comme substitut Général le duc de Montmorency-Luxembourg. Les dissidents sont réintégrés dans les dignités les plus hautes. En fait, sous la Grande Maîtrise du duc de Chartres, le futur Philippe Egalité, l’autorité réelle est détenue par le duc de Luxembourg, qui prend vite le titre d’administrateur Général.
            Une vingtaine de maîtres de loges parisiennes vont alors, avec le souci de réorganiser sérieusement l’Ordre maçonnique en France, prendre des initiatives qui vont aboutir en 1773 à la création du Grand Orient de France. Mais tous les francs-maçons n’accepteront pas l’autorité de cette nouvelle obédience ; les réfractaires prétendront continuer en dehors d’elle l’ancienne Grande Loge de France.

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