Chapitre II
En 1640, des événements graves surviennent en Angleterre, qui vont avoir une grande influence sur le destin de la Franc-Maçonnerie universelle : la révolution chasse du pays la famille des Stuarts et met hors la loi la religion catholique. En 1649, Cromwell fait décapiter le roi Charles 1er. La reine Henriette de France, fille de Henri IV, se réfugie à Saint-Germain avec ses deux enfants. Elle est suivie par de nombreux gentilshommes écossais.
Alors que les stuartistes implantent à Saint-Germain une Maçonnerie d’esprit catholique, qui revendique la tradition templière, la Maçonnerie anglaise, sous le règne de Guillaume d’Orange, tend à oublier ses origines catholiques et à devenir protestante. Pendant plusieurs années, deux Maçonneries rivales vont ainsi cohabiter en France : la Maçonnerie catholique apportée par les stuartistes et une Maçonnerie protestante, que l’on trouve dans les loges créées en France par les « frères » anglais.
Les premières loges ouvertes à Saint-Germain-en-Laye, à Arras, à Dunkerque et à Toulouse sont des loges de tradition jacobite²
En 1717, les quatre loges de Londres s’érigent en Grande Loge à l’initiative du pasteur Désaguliers, originaire de La Rochelle mais émigré en Angleterre. Tout de suite, la Grand Loge de Londres invente la notion de « régularité » et décide qu’elle aura le privilège de décréter qui, en Maçonnerie est régulier, et qui ne l’est pas. Cette prétention, que refusent toujours d’admettre un certain nombre d’obédiences est encore de nos jours l’obstacle majeur à l’unité universelle de l’Ordre maçonnique.
La première tâche des pasteurs Désaguliers et Anderson consiste à supprimer des archives maçonniques tous les documents qui établissent les origines catholiques de l’Ordre. Mais l’autorité de la Grande Loge de Londres est bientôt contestée par de nombreuses loges anglaises. Les partisans de la tradition érigent une Grande Loge des « Antients », qui, pendant plusieurs années va s’opposer à la Grand Loge des « Moderns ».
En 1723, la Grande Loge de Londres adopte les Constitutions d’Anderson (codification et remaniement des anciens règlements de la Maçonnerie opérative par le pasteur franc-maçon Anderson), qui vont devenir la loi de la Maçonnerie universelle –bien que l’interprétation de certaines formules qui figurent dans ces Constitutions provoque encore aujourd’hui des controverses sans issue entre les obédiences anglo-saxonnes et les autres
2 Jacobite : partisan de Jacques II Stuart
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