jeudi 5 janvier 2012

Eglise Saint-Gervais Saint-Protais



Place Saint-Gervais 4e
Métro : Hôtel de ville
Ecrire : 13, rue des Barres, 75004 Paris
Visites guidées : visite générale de l’église le 3ème dimanche du mois à la fin de l’Eucharistie à 12 h 30
Visites thématiques : écrire pour avoir les dates

C'est la plus ancienne paroisse de Paris, 

Première paroisse de la Rive droite, cette église fut érigée sur un monceau (monticule) pour être à l’abri des inondations. Elle existait déjà au VIe siècle et était dédiée à ces deux saints, jumeaux martyrisés vers 70 et découverts par saint Ambroise en 386 à Milan (cf. fresques de la chapelle de Bregy).
Avec l’enceinte de Philippe Auguste (1200) le quartier connaît un essor extraordinaire et pour accueillir ces fidèles, il devient nécessaire de construire une nouvelle église plus vaste. Ce nouvel édifice (une nef avec un clocher hors œuvre) sera consacré en 1420 (cf. plaque de consécration dans le déambulatoire sud, près du transept). La paroisse est le siège de nombreuses corporations dont celle des marchands et vendeurs de vin établis au transept sud depuis 1345. Les stalles de 1500 illustrent avec la verve du Moyen-Age les différents métiers et activités de l’époque (un rabot censeur est venu au XVIIe assagir quelques scenettes osées).
Malgré cette agrandissement, l’église se révéla rapidement trop petite et dès 1494 est entreprise sa dilatation (on englobe le clocher hors œuvre dans la construction ce qui permet d’ajouter les vas côtés, et on rallonge la nef de deux travées). Ces travaux, qui donneront l’église actuelle, ne seront achevés que 163 ans plus tard, en 1657 ! C’est pour cela qu’on a adjoint cet édifice gothique dont le plan dû à Martin Chambiges, a été scrupuleusement respecté, une façade classique, plus aux normes du goût du XVIIe. Au XVIIe vont s’adjoindre de multiples chapelles (cf. la chapelle Dorée tout en bois peint, 1628). Saint Gervais n’est plus la paroisse des petits artisans et commerçants mais de la grande aristocratie établie dans le Marais. C’est le jeune Louis XIII qui va poser la première pierre de la façade construite par Clément Metezeau, un disciple de Salomon de Brosse. Le chancelier Le Tellier (beau-père de Louvois) fut inhumé à Saint-Gervais (cf. son tombeau dans la chapelle de Bregy) et c’est Bossuet qui prononça son oraison funèbre. Sainte Louise de Marillac s’y est mariée, le Duc d’Aumont y fut marguillier*.
A la révolution, l’église profanée est fermée pour être rouverte  en 1795 et « partagée » entre les théophilanthropes (adorateurs de la déesse Raison) et les catholiques et enfin rendue au culte catholique seul en 1802. en 1918, un obus de la grosse Bertha frappe Saint-Gervais le Vendredi Saint, faisant une centaine de victimes. Depuis 1975, à la demande du Cardinal Marty, cette église n’est plus paroissiale mais affectée aux liturgies monastiques de la Communauté de Jérusalem.


ARCHITECTURE :
L’architecture gothique perdurera à Paris jusqu’au XVIIe mais avec un soucis affirmé pour la circulation, l’éclairage et surtout le décor. Saint-Gervais est comme un retour au gothique d’avant l’époque flamboyante avec une grande simplification des lignes et l’épuration du décor. La chapelle de la Vierge est la seule pièce vraiment flamboyante (cf. la clef pendante de 2,5 mètres de diamètres, de 1,80 mètre de retombée, signée par les frères Jacquet et datée de 1517). Les seules concessions au goût Renaissance sont les tribunes des transepts et de l’orgue.

Elévation à deux niveaux (grandes arcades, baies hautes), les piliers montent d’un seul jet jusqu’à la voûte, ce qui donne une impression de grande hauteur (25 mètres en réalité), cela pour aider le fidèle à rechercher les choses d’en haut, à fixer, ne fut-ce que quelques instants son esprit et son cœur sur les réalités éternelles qui ne passent pas.

Longitudinalité : 75 mètres sans forêt de chaises pour guider l’œil jusqu’à l’autel légèrement surélevé. La vie est une marche, un pèlerinage à la rencontre de Celui qui vient se donner à nous sur l’autel pour nous entraîner avec et en lui dans la Jérusalem céleste (les vitraux colorés derrière l’autel, dans la chapelle de la Vierge). Par sa mort sur la Croix,  le Christ nous a ouvert la porte du ciel et nous invite à entrer dans cette éternité bienheureuse, à participer à cette plénitude joyeuse figurée par ces couleurs.

VITRAUX :
Avec la mode du verre blanc au XVe, bon nombre de verrières ont été déposées… Pour remédier à cela et retrouver la luminosité originelle, toute une campagne de création de vitraux est en cours aujourd’hui.
Saint-Gervais est une des rares églises parisiennes (avec Saint-Merri et Saint-Etienne-du-Mont) a avoir conservé les pièces du XVIe typiques de l’art parisien et de son évolution.

-          Style gothique : la Passion (1510) au dessus de l’entrée par le chevet*, les verrières de la chapelle de la Vierge (1517) par Jean Chastellain.
-          Style renaissance : le Jugement de Salomon (1533) par Jean Chastellain, la condamnation de Gervais et de Protais.
-          Style maniériste : verrières du chœur : Résurrection de Lazare, la piscine de Bethseda, le martyre de saint Laurent.
-          XVIIe : verrières de la nef.
-          XIXe : verrières du sanctuaire.
-          XXe : vitraux de le Chevallier (chevet) et de Sylvie Gaudin (chapelle Bregy) .

Si les peintures expliquent l’Ecriture, les vitraux sont eux comparés directement aux Ecritures divines qui versent la clarté du vrai soleil (Dieu) dans l’église (le cœur et l’âme des fidèles) par le cristal de la Foi. En contemplant les jeux de couleurs sur les pierres, vous pouvez, par analogie, imaginer ce que Dieu veut réaliser comme splendeur en vos vies, en vos âmes, si par la Foi, vous le laissez agir et lui donnez du temps par la prière pour agir.


DIVERSES ŒUVRES D’ART
Le grand orgue : c’est le plus ancien de Paris (certaines pièces sont de 1500). Toute la dynastie des Couperin s’y est attelée pendant 173 ans entre 1653 et 1826.

Les chandeliers de l’ancien maître autel (1,70 mètre de haut) ! Ils ont sans doute été faits par Soufflot pour Sainte-Geneviève-du-Panthéon mais ont été donnés à Saint-Gervais en 1803.

Les statues des saints  Gervais et Protais : de part et d’autre de l’ancien maître autel actuel, elles sont l’œuvre de Michel Bourdin (1628), réalisées en bois de poirier. Les deux frères ont des vêtements de diacre et la palme du martyre.

Le Christ de Preault : déambulatoire sud. Il a été offert à Saint-Germain par l’artiste qui menaçait si son œuvre était refusée de se faire mahométan. Belle sculpture romantique.

Notre-Dame-de-Bonne-Délivrance (fin XIVe) : à la croisée du transept. Initialement, elle se trouvait dans une niche rue du Roi de Sicile, mais décapitée par un huguenot en 1528 elle fut apportée en procession réparatrice à Saint-Gervais par François 1er. Les femmes enceintes (dont Marie de Médicis) venaient lui demander une délivrance heureuse.

Relief de la dormition de la Vierge (fin XIVe) : on ne sait pas d’où provient cette œuvre, peut-être de l’église d’avant 1420. la scène représentée (cf. la légende Dorée de Jacques de Voragine) nous relate l’endormissement de la Vierge. Son fils glorieux vient accueillir dans son dernier soupir l’âme de sa mère (l’enfant dans les bras du Christ). Il enfante à la vie divine celle qui l’avait enfanté à la vie humaine. Autour les douze apôtres assistent à la scène dans la paix profonde de la foi (groupe de gauche avec saint Jean imberbe) ce qui n’exclue pas la tristesse (groupe de droite avec les pleurants). Pour les chrétiens, la Vierge immaculée est entrée avec son corps dans la joie de l’éternité (fête du 15 août) et elle est le gage de notre propre résurrection : « je ne meurs pas, j’entre dans la Vie » (sainte Thérèse de l’Enfant
Jésus).



PLAN DE L’EGLISE

-          1 : Chapelle des Fonts (maquette de la façade)
-          2 : Chapelle Saint-Laurent (dormition de la Vierge)
-          3 Chapelle Dorée (1628)
-          4 : Chapelle du Sacré-Cœur (siège de la confrérie des vendeurs de vin)
-          5 : Statue de N-D de Bonne Délivrance
-          6 : Chœur (statues des saints Gervais et Protais, stalles sculptées. Vitraux : résurrection de Lazare, le paralytique et le martyre de saint Laurent.
-          7 :  Christ de Préault et plaque de la consécration de l’église en 1420
-          8 : Chapelle Saint-Joseph (confessionnal louis XIV)
-          9 Chapelle de la Vierge (clef pendante de 1517). Vitraux : vie de la Vierge.
-          10 : Chapelle de Bregy (tombeau du chancelier Tellier, fresque de la vie des saints Gervais et Protais)
-          11 Chapelle Saint Jean-Baptiste (vitrail du Jugement de Salomon)
-          Chapelle Saint-Pierre (vitrail des saints Gervais et Protais)
-          13 Grand orgue des Couperin

Affectée depuis 1975 à la Fraternité monastique de Jérusalem, cette église gothique terminée au milieu du XVIIe siècle, a reçu la première façade classique de Paris (1620) Vitraux des XVIe, XVIIe siècles et modernes. Tableaux. Sculptures. Les plus anciennes orgues de Paris, celles de la dynastie des huit Couperin.

Proue avancée du Marais dans le quartier de l'hôtel de ville, elle domine une place ombragée par un orme qui rappelle celui au pied duquel on rendait la justice. Dès avant le VIe siècle, un premier sanctuaire dédié aux martyrs Gervais et Protais fut construit en ce lieu. L'église actuelle a été commencée en 1494, à partir du chœur, est poursuivi dans le même style de gothique flamboyant, sauf la façade laquée devant la nef par Clément Métezeau (1616 - 1621); ce fut, à Paris, la première façade classique présentant les trois ordres superposés. De l'église précédente, entreprise au XIIIe siècle, il ne reste que l'étage inférieur du clocher.
À l'intérieur, l'unité de cet ensemble architectural construit sur plus d'un siècle est d'autant plus remarquable que les dégâts causés à la nef par un obus de la grosse Bertha pendant l'office du Vendredi saint en 1918 ont nécessité réparation (1921). Le mobilier est riche, en dépit du vandalisme révolutionnaire qui s'attaqua également aux statues de la façade. Dans les premières chapelles de droite, on trouve une Décollation de saint Jean-Baptiste et une Adoration des mages, par Pignon ; puis, dans celle du chœur, des vitraux du XVIe siècle (jugement de Salomon par Pinaigrier, 1531 ; martyr des saints Gervais et Protais) ; le tombeau incomplet du chancelier Le Tellier, par Mazeline et Hurtrelle, est entouré du décor mural de Desse, évoquant la vie des deux saints patrons de l’église (1863) ; dans la chapelle de l’abside, les vitraux attribués à Pinaigrier, illustrent la Légende dorée. En redescendant à gauche, une belle grille de Vallet (1741) ferme la sacristie, décorée de boiseries sculptées de 1740. De chaque côté du chœur, outre les statues de Saint Gervais et saint Protais par Bourdin (1625), on trouve les « miséricordes » des stalles, ornées de la salamandre de François 1er, du croisant de Henri II et, surtout de représentations des corps de métiers et des scènes de mœurs. Dans le transept, un tableau sur bois représente les scènes de la Passion (école flamande XVIe siècle).
De la chapelle suivante, on accède à la chapelle dorée (s’adresser à la sacristie) fondée en 1628 ; elle a conservé ses boiseries peintes en une série de petits panneaux sur le thème de la Passion ; dans la chapelle des fonts baptismaux, on remarquera, du XVIe siècle, un Saint Jean-Baptiste (en bois) et les vitraux (Baptême du Christ, Saint Jean et Saint Nicolas).
L’orgue enfin, dont certaines parties remontent au XVIIe siècle, a longtemps été tenu par les Couperin.


Une des plus vieilles église de Paris, et sans doute l’une des plus vivantes. A portée de Notre-Dame et de l’Hôtel de Ville, Saint-Gervais-Saint-Protais incarne des siècles d’histoire catholique au cœur du vieux Paris. Une histoire que l’on retrouve dans sa collection de vitraux, parmi les plus riches de la capitale, puisque cette église est l’une des rares à avoir conservé des pièces gothiques du XVIe siècle, qui voisinent avec d’autres de la Renaissance et jusqu’aux plus contemporaines – le dernier vitrail a dû être posé en mars 2013.
Bâtie sur les fondations d’une basilique du VIe siècle –c’est la paroisse la plus ancienne de la rive droite -, Saint-Gervais est un harmonieux mélange de styles ( sa construction a débuté en 1494 pour ne s’achever que ... 163 ans plus tard (1957). L’édifice est d’un gothique épuré –le plan est dessiné par Martin  Chambiges -, mais la façade, classique, date de 1620. Dévastée, fermée puis en partie livrée aux théo-philanthropes (adorateurs de la Raison) sous la Révolution, le bâtiment devient à nouveau paroisse catholique en 1802.
Sous ces voûtes historiques résonna pendant près de deux siècles (1653-1826) l’orgue (c’est le plus ancien de Paris, certaines pièces datant de 1500) tenu par l’ensemble de la dynastie des Couperin. Une partie du toit fut pulvérisé par un obus de  la « grosse Bertha », le 29 mars 1918 pendant l’office  du Vendredi saint, qui tua 88 personnes et en blessa 68 autres... Les fidèles aujourd’hui – quand ils ne sont pas à genoux – prient sur de petits tabourets dans la nef au cours de cérémonies dépouillées et magnifiques. Car l’église Saint-Gervais est devenue l’un des poumons chrétien de la capitale, grâce aux religieux et religieuses des Fraternités monastiques de Jérusalem, ordre créé au milieu des années 70 par le visionnaire père Pierre-Marie Delfieux.
Ces hommes et ces femmes en habit se veulent « moines dans la ville », ils travaillent comme salariés dans des métiers tout à fait classiques mais habitent un petit monastère situé à quelques encablures de l’église et suivent trois temps de prière par jour (7 heures, 12h30, 18 heures). Ils sont les gardiens d’une foi respectueuse des canons romains, mais ont également quelques principes pour le moins progressistes –pas de hiérarchie, pas de propriété privées, des revenus modestes, un partage égalitaire des tâches... parce qu’ils ont pour credo d’ »évangéliser par la beauté », ces moines contemporains accordent une place centrale aux chants, aux textes et aux œuvres d’art...Ainsi leur ordre fait-il son chemin. Les frères et sœurs sont aujourd’hui plus de deux cents, ils sont à la tête de douze fondations en Europe et officient dans quelques belles vitrines du catholicisme, , comme la basilique de Vézelay, la Trinité-des-monts à Rome ou encore l’abbaye du Mont-Saint-Michel.
Le Point 6 décembre 2012.  Jérôme Cordelier




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire