L’art trouve sa propre perfection en lui-même et non en dehors de lui-même. Il ne faut pas le juger selon une quelconque norme de vraisemblance. Il est un voile plutôt qu’un miroir. Il a des fleurs dont aucune forêt n’a connaissance, des oiseaux que nul bois n’abrite. Il fait et défait d’innombrables mondes et peut tirer la lune des cieux à l’aide d’un fil écarlate. A lui les « formes plus réelles que l’homme vivant » à lui les grands archétypes dont ce qui existe n’est qu’une copie inachevée. A ses yeux, la nature n’a ni loi ni uniformité. Il peut opérer des miracles à volonté, et quand il invoque les monstres des profondeurs, ceux –ci lui obéissent. Il peut demander à l’amandier de fleurir en hiver et parsemer de neige les champs de blé mur. Un mot de lui suffit pour que le gel touche de son doigt d’argent la bouche brûlante de juin et pour que les lions ailés des collines lydiennes sortent en rampant de leur repaire. Les dryades dans les bosquets, l’épient quand il passe et les faunes bruns ont un étrange sourire à son approche. Il est adoré par des dieux à tête de faucon, et les centaures galopent à ses côtés.
Si nous vivons avec des objectifs précis, nous émoussons nos émotions. Si nous vivons avec des objectifs précis, nous vivons pour une minute, pour une heure, pour une journée au lieu de vivre chaque minute, chaque heure, chaque journée. Les états d’âme de notre vie sont les beautés de la vie. C’est lorsque nous nous abandonnons à tous nos états d’âme que nous vivons réellement.
A Londres, on rencontre beaucoup de femmes qui font confiance à leur mari. On les reconnaît sans peine, elles ont l’air tellement malheureux.
Pour ceux qui ne sont pas des artistes et pour qui vivre la réalité des faits est le seul mode de vie possible, la douleur est le seul chemin vers la perfection.
Les hommes succombent toujours à cette absurdité qui consiste à chercher à développer leur esprit, à le propulser dans une direction ou dans une autre. L’esprit devrait être réceptif, une harpe qui attend le vent, un étant prêt à être troublé et non un touche-à-tout qui arpente les trottoirs à la recherche d’une nouvelle pâtisserie.
Il n’est rien de plus beau que d’oublier, excepté, sans doute, être oublié.
Tout art, quand il est mauvais, s’inspire d’un retour à la vie et à la nature qu’il érige en idéal. L’art peut parfois tirer une partie de son matériau de base de la vie et de la nature mais, pour pouvoir réellement les faire siens, il faut d’abord les traduire en conventions artistiques. Dès que l’art abandonne le véhicule de l’imagination, il abandonne tout. En tant que méthode, le réalisme est un échec complet, et les deux choses que tout artiste devrait éviter sont la modernité de forme et la modernité de sujet.
A Londres, il y a trop de brouillard et trop de gens sérieux ; quant à savoir si le brouillard produit les gens sérieux ou si les gens sérieux produisent le brouillard, je n’en ai pas la moindre idée.
Le mariage peut réellement détruire un homme ! Le mariage est bien plus démoralisant que la cigarette, et bien plus onéreux.
Cette personne est certainement tout à fait respectable. De toute notre vie, nous n’avons jamais entendu parler d’elle, ce qui en dit énormément sur quelqu’un, de nos jours.
La littérature anticipe toujours la vie. Elle ne la copie pas mais la façonne selon le but qu’elle se donne.
Tant qu’une chose nous est utile ou nécessaire, nous affecte d’une façon ou d’une autre, pour la douleur ou pour le plaisir, fait appel à notre sympathie ou est une part vitale de l’environnement dans lequel nous vivons, elle n’appartient pas au domaine propre de l’art.
Tant qu’une chose nous est utile ou nécessaire, nous affecte d’une façon ou d’une autre, pour la douleur ou pour le plaisir, fait appel à notre sympathie, ou est une part vitale de l’environnement dans lequel nous vivons, elle n’appartient pas au domaine propre de l’art.
Je ne pourrais pas faire de scène avec ce chapeau sur la tête : il est bien trop fragile. Un mot un peu dur l’abîmerait.
La musique nous crée un passé que nous ignorions et éveille en nous des chagrins qui avaient été dissimulés à nos larmes.
Rien n’est aussi fatal pour la personnalité que la circonspection.
J’adore les grands dîners londoniens. Les gens intelligents n’écoutent jamais et les gens stupides ne parlent jamais.
Une conversation érudite est soit l’affectation d’un ignorant, soit la profession d’un homme mentalement désœuvré.
Les galeries de l’Académie royale sont bien trop vastes et vulgaires. Chaque fois que j’y suis allée, il y avait soit tant de monde qu’il m’était impossible de voir les peintures – ce qui est terrible -, soit tant de peintures qu’il m’était impossible de voir les gens – ce qui est pire.
La beauté, la vraie beauté finit là où commence l’expression intellectuelle. L’intellect n’est lui-même qu’un mode d’exagération et détruit l’harmonie d’un visage. Dès que l’on s’assoit pour penser, on n’est plus qu’un nez ou un front, de toute façon quelque chose d’horrible.
Le seul charme du mariage est qu’il rend une vie de tromperie absolument nécessaire aux deux époux.
Le secret me paraît être la seule façon de nous rendre la vie moderne mystérieuse ou merveilleuse. La chose la plus commune peut devenir délicieuse, il suffit de la dissimuler.
La vanité est une des principales vertus, et pourtant peu de gens admettent qu’ils la recherchent et la prennent pour objectif. C’est dans la vanité que beaucoup d’hommes ou de femmes ont trouvé leur salut, pourtant la plupart des gens se traînent à quatre pattes en quête de modestie.
Il est difficile de ne pas être injuste envers ce que l’on aime.
L’humanité aura toujours de l’affection pour Rousseau parce qu’il a confessé ses péchés, non à un prêtre, mais au monde
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