samedi 17 décembre 2011

Oscar Wilde Aphorisme - 19



Une vertu est semblable à une ville sur une montagne – on ne peut la cacher. Nous pouvons dissimuler nos vices si nous le voulons – un moment en tout cas -, mais la vertu est exposée aux yeux de tous.

Vous n’avez aucune idée de l’existence qu’ils mènent là-bas. Une vie campagnarde simple et implacable. Ils se lèvent tôt parce qu’ils ont tant à faire et se couchent tôt parce qu’ils ont si peu à penser.

S’il est une chose qui détruit la personnalité, c’est bien la fidélité aux promesses ; peut-être aussi le goût de la vérité.

Le rire n’est pas un mauvais début pour une amitié, c’est aussi de loin la meilleure façon de la terminer.

Le monde divise les actions en trois catégories : les bonnes actions, les mauvaises actions que l’on peut commettre et les mauvaises actions que l’on ne peut pas commettre. Si vous vous en tenez aux bonnes actions, vous serez respecté par les bons. Si vous vous en tenez aux mauvaises actions que vous pouvez commettre, vous serez respecté par les mauvais ; mais si vous commettez les mauvaises actions que personne ne doit commettre, alors les bons et les mauvais s’acharneront sur vous et vous serez réellement perdu.

Je choisis mes amis pour leur bonne mine, mes connaissances pour leur bon caractère et mes ennemis pour le bon usage qu’ils font de leur intellect.

Selon moi le mot « naturel » évoque tout ce qui est classe moyenne, tout ce qui est de l’essence du chauvinisme, tout ce qui est terne et informe, tout ce qui est creux. C’est sans doute un très beau  mot, mais c’est la pièce la plus dévaluée de la monnaie du langage.

J’ai pitié de toute femme qui épouse un homme du nom de John. Elle n’aura sans doute jamais l’occasion de sentir ce plaisir exquis qu’est un instant de solitude.

Ce n’est qu’une fois que nous avons appris à aimer l’oubli que nous avons appris l’art de vivre.

Révéler l’art et dissimuler l’artiste, tel est le but de l’art.

Le monde, pris « en masse », est un monstre, bourré de préjugés, rempli de préventions, rongé par ce qu’il appelle les vertus, un puritain, un poseur. Or l’art de la vie est l’art du défi. Défier – voilà ce pour quoi nous devrions vivre, au lieu de vivre, comme nous le faisons, en acquiesçant.

Une critique créatrice ressemblera toujours à l’œuvre qui l’a produite, pourtant cette ressemblance ne sera pas celle qui existe entre la  nature et le miroir que le paysagiste ou le portraitiste est supposé tenir devant elle mais entre la nature et l’œuvre du décorateur. Tout comme les tulipes et les roses fleurissent dans les tapis persans aux motifs abstraits – et elles sont magnifiques à observer, bien qu’elles ne soient pas reproduites dans les formes ou dans les lignes - ; tout comme la perle et la pourpre du coquillage se retrouvent partout dans l’église de Saint-Marc à Venise ; tout comme le plafond voûté de la merveilleuse chapelle de Ravenne resplendit de l’or, du vert et du saphir des queues de paon, bien que les oiseaux de Junon n’y volent pas.

De même le critique reproduit l’œuvre dont il parle selon un mode qui n’est jamais imitatif et dont le charme vient sans doute en partie d’avoir rejeté toute ressemblance, car il nous montre de la sorte non seulement le sens mais aussi le mystère art en littérature il résout une fois pour toute le problème de l’unité de l’art.

Une grande diversité d’opinions au sujet d’une œuvre d’art témoigne de sa nouveauté, de sa complexité et de sa vitalité.

Il m’est extrêmement douloureux de découvrir de la vertu chez quelqu’un que j’en croyais démuni. C’est comme de trouver une aiguille dans une meule de foin. Elle vous pique. Si nous sommes vertueux, il faut en prévenir autrui.

Le critique est celui qui est capable de traduire d’une autre façon ou avec de nouveaux matériaux son émotion devant les belles choses.

Si l’on a l’intention d’être bon, il faut en faire profession. C’est la plus accaparante profession du monde.

J’aime la musique de Wagner plus que celle de tout autre compositeur. Elle est si bruyante qu’il est possible de continuer à parler sans que les autres vous entendent.

Tout art est à la fois surface et symbole.

L’enfance n’est qu’une longue carrière d’innocente écoute aux portes pour entendre ce qu’on devrait ignorer.

La plus haute et la plus base forme de critique est le genre autobiographique.

Les seules choses qui valent la peine d’être dites sont celles que nous oublions, tout comme les seules choses qui  valent la peine d’être faites sont celles qui surprennent le monde.

La maturité n’est qu’une longue carrière au cours de laquelle on dit ce qu’il ne faudrait pas dire. C’est précisément l’art de la conversation.

La vertu n’est en général qu’une sorte d’imperfection, tout comme le vice est une affirmation de l’intellect.

Les gens enseignent pour cacher leur ignorance tout comme les gens sourient pour cacher leurs pleurs.

Etre dénaturé est souvent un signe de grandeur. Etre naturel n’est en général qu’un signe de stupidité.

Mentir avec finesse est un art, dire la vérité n’est rien d’autre qu’agir en conformité avec la nature.

Les gens qui font valoir la raison sont comme ceux qui cassent des cailloux sur les routes : ils vous couvrent de débris et de poussière

Un écho est souvent plus beau que la voix qu’il répète.

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