dimanche 25 décembre 2011

Maison de Balzac, Exposition


Maison de Balzac : Charmes et sagesse des Grisettes
47, rue Raynouard 75016
Exposition Du 14 octobre au 15 janvier 2012
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h saufs les jours fériés


La Maison de Balzac propose l’exposition « Elle coud, elle court, la Grisette... », Grisette qui fut l’apparition primale à la fois de l’ouvrière modiste, et certainement la première victime de la mode. Femme, travail, mode, ne serait-elle pas l’apparition de la femme moderne ? Et la reine des grisettes, entre toutes, restera toujours... la Parisienne, s’acharne-t-on à croire.
Étant que le fer, non à repasser mais de lance.
Cette jeune couturière coquette, sollicitée, tentant souvent contre vents et marées de rester sage, et si présente à la fin du XIXe siècle dans la littérature, les beaux-arts ou la chanson. Les grisettes furent, rien qu’à Paris, des centaines de milliers. Touchant des salaires de misères, et souvent les proies des lurons et des ventrus.
C’est la toute première exposition consacrée à cette figure multiple et étonnamment moderne par sa capacité à s’adapter aux différents médias. Romances, peintures célèbres et gravures moins connues... la diversité des œuvres fait écho à la variété des activités de la grisette et à sa perpétuelle métamorphose.
Ici l’on est dans les représentations, alors que le musée Carnavalet est davantage dans la description historique. Le parcours de l’exposition montre moins la réalité sociale historique de la grisette, - qui fut épouvantable, en attendant que quelque couturière éclairée, sociale, presque déjà féministe telle Madeleine Vionnet ne tente de l’adoucir -, que la mobilité de cette figure et les nombreuses tentatives faites par les artistes comme les journalistes pour s’en emparer. Ce personnage, car c’en est un, voire une multitude, doit son nom à un tissu gris, la « grisette » (des échantillons figurent dans l’expo, grâce au recueil de Gian Battista Xaviero Moccaby des XVIIe et XVIIIe), bien que graveurs parisiens comme peintres de province la montrent volontiers vêtue des couleurs vives d’indiennes ou de soies.
Jeune ouvrière du textile, « elle travaille chez elle, loge en boutique et va en ville » selon les uns. Pour les autres, de Balzac à Gavarni ou à Baudelaire, la grisette est à mi-course entre bergère et courtisane, et traverse parfois les milieux bohèmes.
La définirait-on par le châle en cachemire dont elle rêve ou par le petit chapeau qu’elle arbore ? On l’imagine facilement vivre dans un grenier, recréé ici dans la Maison de Balzac. Mais l’exposition évoque aussi ses plaisirs, les parties de campagne et les courses à âne auxquelles elle se prête volontiers, les spectacles populaires, le bal et ses danses échevelées (cancan ou polka). On la croise ombre furtive dans rues et passages parisiens, et la jeune apprentie, qui porte robes et chapeaux, ressort transfigurée sous la plume de Baudelaire ou dans les dessins de Constantin Guys.
La fugacité des silhouettes et les profils fantasmatiques de la lanterne magique complètent le portrait de cette insaisissable.
Peintures, caricatures, faïences, livres et journaux illustrés, partitions, échantillons d’étoffe, une centaine d’œuvres sont réunies selon 5 thèmes :
La grisette en conditions. Figure de femme au travail, dans le secteur textile principalement. Blanchisseuse, couturière, brodeuse ou fleuriste, elle travaille à domicile, en atelier ou en magasin. Est-elle vue comme ouvrière, vilaine, ou comme couturière en chambre, le trottin qui court la ville ou la modiste à son comptoir, davantage mise en scène de façon pittoresque, et forcément suggestive ? Coco Chanel l’avait été en province… Joli tableau de Antoine Raspal, représentant l’atelier d’une couturière en Arles. Observez bien les coiffes et sachez deviner la hiérarchie des couturières.
Mais aussi :
Constellation grisette, ou prenez garde, certaines marches sont glissantes : resterez-vous bergère, maîtresse d’un classique étudiant en droit, pire, d’un carabin... tomberez-vous jusqu’à la Bohème en basculant pour le talent d’un rapin (mon Dieu, mais cette pauvre fille fume le cigare !)... ou catastrophe suprême deviendra-t-elle une lorette, fille vénale qui logeait près d’une Notre-Dame Éponyme...
À quoi reconnaît-on une grisette ? Qu’il est difficile de rester une femme comme il faut, ou comme disait Balzac, une femme comme il en faut...
Les plaisirs et les jours… et les nuits ! Là encore joli choix de gravures bien prolixes des détails pétillants de ces vies : quand Montmorency savait encore plaire, quand la Chaumière de Montparnasse était le Tivoli d’un quartier qui n’existait pas encore, quand les courses à l’âne précédaient la culbute, et quand Saint-Cloud attendait bientôt la Fantine des Misérables... 
 Fil et profils : du trottin à la passante
Quelques objets choisis : des bonnets, des chapeaux, le "châle dont on rêve", une discrète mais élégante capote de paille, feuillue et à rubans (1840-1845).
Et... et une étonnante gravure "Bon genre" de 1807, prémonitoire des tout premiers catalogues de mode (Poiret), publiés un siècle plus tard !
De curieuses machines permettent d’entendre, salle après salle, un riche répertoire de chansons créées sur... les idées qu’on se faisait des grisettes.

Maison de Balzac. 6 et 4,50 €
André Balbo Parisevous.fr
Sources : Visite, Maison de Balzac

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