samedi 17 décembre 2011

Lettre De Oscar Wilde A Son Amant



Mon très cher ami,
Ceci est pour t’assurer de mon amour immortel et éternel pour toi. Demain tout sera fini. Si la prison et le déshonneur doivent être mon destin, pense que cette idée-là, mon amour pour toi et cette conviction encore plus divine que toi, de ton côté tu m’aimes, me rendront capable de supporter mes souffrances et j’espère mes douleurs. Puisque cette idée, au contraire, la certitude de te rencontrer encore dans un autre monde est le but et l’encouragement de ma vie actuelle, que je puisse continuer à vivre dans ce monde pour cette raison.

Aujourd’hui un ami très cher est venu me trouver. Je lui ai donné plusieurs messages pour toi. Il m’a dit une chose qui m’a rassuré, qu’il ne manquera jamais rien à ma mère, ayant, moi, toujours pourvu à ses besoins. L’idée qu’elle aurait pu souffrir de privation me rendait malheureux.

Quant à toi, garçon gracieux au cœur digne d’un christ, quant à toi, je t’en prie, à peine auras-ru fait tout ce que tu devais faire, ne reste pas ici en Angleterre pour quelque raison que ce soit. Pars pour l’Italie, conquiers ta paix et écris les belles poésies  que tu sais faire avec la belle grâce qui t’appartient.

Si un jour, à Corfou ou dans quelque autre île enchantée, nous pouvions trouver une petite maison où vivre ensemble, la vie serait plus douce qu’elle n’a jamais été. Ton amour a de vastes ailes et est fort. Ton amour me rejoint au travers des barreaux de ma prison et me réconforte. Ton amour est la lumière de toutes mes heures.

Il y aura de l’adversité et quelqu’un écrira, je le sais, que j’ai eu une mauvaise influence sur ta vie. Si cela arrivait, tu écriras, tu diras à ton tour que ceci n’est pas vrai. Notre amour a toujours été noble et beau, et si j’ai été la cible d’une terrible tragédie, c’est parce que la nature de cet amour n’a pas été comprise. 

Je tends les mains vers toi. Oh, si je pouvais vivre pour toucher tes cheveux et tes mains. Je crois que ton amour veillera sur ma vie, ton amour est la lumière de toutes mes heures.

Si je devais mourir, je veux que tu vives une vie sereine et paisible en quelque lieu que ce soit, entre fleurs, livres et beaucoup de travail. Fais-moi avoir très vite de tes nouvelles.

Je t’écris cette lettre au milieu de très grande souffrances.
Mon très cher et aimable ami, je suis maintenant , comme toujours, et depuis le jour où nous nous sommes connus, dévoué à toi avec un cœur immortel.

Oscar

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