mercredi 23 novembre 2011

Le Bouddhisme En Quelques mots Chapitre 7

Chapitre 7

La re-naissance

Le Kamma est la loi de causalité morale, la re-naissance est son corollaire. Le Kamma et la re-naissance sont inter-reliés et tous deux sont des doctrines fondamentales du Bouddhisme.

Aussi longtemps que la force Kammique persiste, la re-naissance se poursuit, car ce qu’on appelle un « être » n’est que la manifestation temporaire visible de l’énergie invisible du Kamma. C’est ce Kamma, constitué par nos pensées, nos paroles et nos actions, qui accompagne le courant  de vie individuel comme l’ombre qui ne se sépare jamais de l’objet.  Tant qu’il y a accumulation du Kamma, la vie s’écoule ad infinitum. La mort n’est pas l’annihilation complète d’un être, elle est simplement la fin temporaire d’un phénomène physique temporaire. Bien que la vie organique ait cessé, la force qui jusqu’ici l’a propulsée, n’est pas détruite.

De même qu’une lumière électrique est la manifestation extérieure visible de l’énergie électrique invisible, de même, nous sommes la manifestation extérieure de l’énergie kammique invisible. L’ampoule électrique peut se casser et la lumière peut être éteinte, mais le courant persiste et la lumière peut reparaître dans une nouvelle ampoule.

De la même manière que la force kammique n’est absolument pas troublée par la désintégration du véhicule physique, la disparition de la conscience du passé est l’occasion de la naissance d’une nouvelle conscience dans la vie suivante. Mais rien d’immuable ni de permanent ne se transmet du passé au présent.

Le Kamma qui a sa racine dans l’Ignorance et le Désir Egoïste, est la cause de la re-naissance. Le Kamma passé à conditionné l’existence actuelle et le Kamma présent combiné avec le Kamma passé, conditionne l’existence future. Le présent est le fruit du passé et devient à son tour le parent du futur.

Si nous admettons qu’il y a une vie passée, présente et future, nous nous trouvons devant le soi-disant  mystérieux problème : «  Quelle est l’origine de la vie ? »

Y a-t-il  eu un commencement ou non ? En tentant de résoudre cette question, une école admet une cause première, c’est-à-dire Dieu, considéré comme un Etre Tout-Puissant ou une force. Une autre école nie une cause première, car l’expérience prouve que la cause devient toujours l’effet et que d’autre part, l’effet devient la cause. dans un cycle continu de cause et d’effet, une cause première est inconcevable. La première école affirme que la vie a eu un commencement alors que la deuxième école nie ce commencement.

Selon la science, nous sommes les produits directs de  la fusion des cellules spermatique et ovulaire de nos parents ; ainsi, toute vie provient d’une autre vie. Quant à l’origine du premier protoplasme de la vie, les savants ne sont pas en mesure de nous le faire connaître.

Selon le Bouddhisme, nous somme nés de la matrice de l’action Kammayoni – la cause du devenir- nos parents ne nous fournissant qu’une cellule infiniment petite. Ainsi, toutêtre précède un autre être. C’est le Kamma qui conditionne la conscience initiale au moment de la conception, introduisant ainsi la vie dans le fœtus.
Cette énergie kammique, invisible, déterminée par l’existence précédente, produit les phénomènes mentaux et le phénomène de la vie dans un réceptacle physique déjà existant. La combinaison de ces trois facteurs constitue l’homme.
Pour qu’un être naisse ici, il faut qu’un être meurt quelque part. la naissante d’un être ou dans un sens strict, l’apparition des cinq agrégats ou des phénomènes psychologiques dans cette vie présente, signifie la mort d’un être dans une vie précédente, tout comme, en termes conventionnels, le lever du soleil dans un endroit signifie le coucher du soleil dans un autre endroit. On comprendra mieux cette déclaration énigmatique si on se représente la vie comme une vague, non comme une ligne droite.

Naissance et mort ne sont que deux phases d’un même processus. La naissance précède la mort, mais d’autre part, la mort précède la naissance. Cette succession constante de vie et de mort, en corrélation avec chaque courant de vie individuel, constitue ce qu’en terme technique on nomme Samsâra ou, cycle des re-naissances.

Quelle est l’origine de la vie ? Le Bouddha a dit : « Sans fin concevable est ce Samsâra. L’origine première des êtres qui, aveuglés par l’ignorance et enchaînés par le désir égoïste, errent et passent sans fin, ne peut être déterminée. »

Ce courant vital continuera toujours de couler, tant qu’il sera alimenté par les eaux impures de l’ignorance et du désir égoïste. Il ne cessera de couler que lorsque  ces deux sources seront complètement taries. Alors la re-naissance prendra fin, comme dans le cas des Bouddhas et des Arahats, puisqu’ils ont détruit toutes les impuretés et que pour eux « les semences des germes sont détruites, les racines du Kamma ont été extirpées » (Ratana Sutta)

L’origine première de ce courant vital ne peut être déterminée car  il ne peut être trouvé aucun commencement à ces deux sources-causes, l’ignorance et le désir égoïste.

Le Bouddha a mentionné uniquement la cause première du courant vital des êtres vivants. Il appartient aux savants de spéculer sur l’origine et l’évolution de l’univers. Le Bouddhisme n’a pas la prétention de résoudre tous les problèmes éthiques et philosophiques qui intéressent l’humanité, il ne s’occupe ni de théories ni de spéculation vaines, qui ne soient pas constructives et ne mènent pas à la Vérité. Il ne demande pas non plus à ses adeptes une croyance aveugle en un dogme concernant la cause première. Il a un but spécifique et pratique : la cessation de la souffrance. E t n’ayant que ce but essentiel en vue, il veut ignorer tous les à-côtés qui lui seraient étrangers.

Quelle raison avons-nous de croire qu’il existe une vie antérieure ? Le témoignage le plus valable que les bouddhistes citent en faveur de la re-naissance est celui du Bouddha qui avait acquis une connaissance lui permettant de percevoir les  existences passées et futures. Il déclarait : « Dans une vision clairvoyante, purifiée, supranormale, je voyais l s êtres disparaître d’un certain état et renaître dans une autre. Je distinguais les vils et les nobles, les beaux et les laids, les heureux et les misérables, tous cheminant selon leurs actions. »
Grâce à son enseignement, ses disciples purent acquérir cette faculté et furent capables, à un haut degré de déchiffrer leurs vies passées.

Même avant l’époque du Bouddha, certains Rishis de l’Inde, étaient aussi réputés pour leur pouvoir de clairvoyance, de clairaudience, de lecture de pensées, de souvenir des existences passées.

 Il y a également des gens qui, probablement à cause des liens du passé, se rappellent leurs vies antérieures d’une manière subite et inexplicable. Mise en état d’hypnose, certaines personnes racontent des épisodes de leurs existences passées ; d’autres déchiffrent les vies passées des autres et guérissent même des malades.

Parfois, nous voyons des cas étranges qui ne peuvent être expliqués que par la re-naissance. Souvent, nous faisons la connaissance de personnes que nous n’avons jamais rencontrées, et pourtant, nous avons le sentiment qu’elles nous sont tout à fait familières. Souvent aussi, nous visitons des lieux où nous ne sommes jamais allés, et pourtant, nous avons l’impression de les connaître parfaitement, ainsi que leurs environs.
Le Bouddha disait : «  A cause des liens du passé et des intérêts présents, ce vieil amour renaît, comme le lotus dans l’eau. »

Les expériences des psychologues modernes dignes de confiance, les phénomènes de possession, les communications avec les esprits, les observations étranges de personnalités multiples et alternantes qui ont été faites, jettent une certaine lumière sur ce problème de la renaissance.

Dans ce monde naissent des êtres parfaits comme les Bouddhas ainsi que les personnages d’une haute spiritualité. Leur évolution s’est-elle faite soudainement ? Un tel degré d’élévation peut-il se faire dans une seule existence ?

Comment pouvons-nous expliquer l’apparition de personnages exceptionnels comme Confucius, Panini, Bouddhaghosa, Homère et Platon, de génies comme Shakespeare, Dante et Beethoven, d’enfants prodiges comme Ramanujan, Mozart, Pascal et Raphaël ? L’hérédité seule ne peut expliquer ces dons extraordinaires « autrement, on les aurait décelés chez leurs ancêtres et leurs descendants les auraient développés en étant encore plus remarquables qu’eux. » Auraient6ils pu atteindre des sommets si sublimes s’ils n’avaient déjà vécu de nobles vies et acquis leur expérience dans le passé ? est-ce le hasard qui les a fait naître de leurs parents et les a placés dans des circonstances si favorables ?

La théorie de l’hérédité doit être complétée par la doctrine du Kamma si on veut avoir une solution acceptable de ces problèmes embarrassants.

Est-il raisonnable de penser que ce court laps de temps actuel soit notre seule existence entre deux éternités de bonheur ou de misère ?  Les quelques années que nous avons le privilège de passer ici-bas, une centaine au maximum, sont une préparation bien suffisante à l’éternité.

Si l’on croit à la vie présente et à la vie future, il est logique de croire à la vie passée. Il n’y a pas de raison de douter que nous continuerons d’exister dans une vie future, après que notre vie présente aura apparemment cessé.

C’est aussi un argument puissant en faveur des vies passées et futures que « en ce monde, les personnes vertueuses sont très souvent malheureuses tandis que les méchants prospèrent. »

Nous sommes donc nés dans un état qui a été créé par nous-mêmes. Si, malgré nos vertus, nous avons une vie malheureuse, cela est dû à notre mauvais Kamma. Si, en dépit de notre méchanceté, nous avons une vie heureuse, cela est également dû à notre bon Kamma passé.
Nos actions présentes auront à leur tour, toutes les conséquences à la première occasion possible. A tout moment, nous avons la possibilité de créer un nouvel environnement et de modeler un nouveau Kamma qui tend soit à notre progrès, soit à notre perte, dans notre course vagabonde dans le Samsâra.

Comme le dit un penseur occidental : «  Que nous croyions ou non à des existences antérieures, c’est pourtant la seule hypothèse raisonnable qui permette de combler certaines lacunes du savoir humain concernant des faits de la vie de tous les jours. Notre raison nous dit que cette hypothèse de la re-naissance et du Kamma peut seule expliquer les différences qui existent entre les jumeaux, le fait que les hommes comme Shakespeare, n’ayant qu’une expérience très limitée, soient capables de dépeindre avec une merveilleuse exactitude les types les plus divers du caractère humain  et de décrire des scènes dont ils n’ont pu avoir aucune connaissance réelle ; expliquer pourquoi l’œuvre de l’homme de génie transcende toujours son expérience.  Elle peut aussi nos donner une explication valable de l’existence d’enfants prodiges, de la grande diversité d’esprit et de moralité, de mental et de physique dans des conditions, des circonstances et des milieux observés partout dans le monde. »

Il faut dire qu’on ne peut ni démontrer ni réfuter cette doctrine de la re-naissance par l’expérience, mais qu’on l’accepte comme un fait véritable.

Ce qui produit le Kamma est l’ignorance des Quatre Nobles Vérités – Avijjâ -  cause de la naissance et de la mort. La connaissance – Vijjâ – est leur cessation. Cette méthode analytique est exposée dans le Paticca Samuppâda.

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