Le bouddhisme en quelques mots
Narada Mahathera
2542 -1998
« Sujettes au changement sont toutes les choses conditionnées »
« Soyez diligents pour atteindre le but »
Namo Tassa Bhagavato Arahato Sammâ Sambuddhasa
Chapitre 1
Le Bouddha
Le jour de la pleine lune de mai, en l’an 623 avant J. C. naquit au Népal un prince indien du clan des Sakyas, appelé Siddhattha Gotama qui était destiné à devenir le plus grand maître religieux du monde. Elevé dans le luxe et recevant une éducation princière, comme un simple humain, il se maria, eut un fils.
Sa nature contemplative et sa bonté sans limite ne lui permettaient pas de s’adonner plus longtemps aux plaisirs matériels et fugitifs d’une cour royale. Il n’était pas triste mais avait une profonde compassion pour les souffrances de l’humanité. Au milieu du confort et du luxe, il se rendait compte de la douleur universelle. Le temps était venu de quitter le palais, ses fastes et ses attraits mondains. Se rendant compte de la vanité des plaisirs sensuels, il renonça à 29 ans, à toutes les jouissances terrestres et revêtu de la robe jaune de l’ascète, seul et dépouillé de tout, il partit à la recherche de la vérité et de la paix.
Ce fut un événement historique et sans précédent, car jamais auparavant on n’avait vu un tel renoncement de la part d’un homme dans la force de l’âge et fils du roi.
Se conformant à la croyance de l’époque selon laquelle quiconque voulait obtenir son salut devait se livrer à une rigoureuse ascèse permanente, il pratiqua inlassablement les formes les plus extrêmes de mortification. « Veille après veille et mortification après mortification », il fit des efforts surhumains pendant dix longues années, sans autre résultat que de torturer son corps qui eut bientôt l’aspect d’un squelette.
Instruit par l’expérience personnelle, il fut alors convaincu de l’inutilité des austérités pénibles et des souffrances qu’il s’imposait. Non seulement elles épuisaient son corps et son intelligence, mais elles l’éloignaient du but. Il décida finalement de suivre une voie indépendante, évitant des deux extrêmes qui étaient d’une part, l’abandon aux plaisirs sensuels et d’autre part l’abandon aux mortifications physiques, le premier retardant le progrès spirituel et le second, affaiblissant l’esprit. La nouvelle voie qu’il découvrit était la voie moyenne, Majjhimâ Patipadâ, ( juste milieu) qui devait constituer une des caractéristiques essentielles de son enseignement.
Un matin mémorable, pendant qu’il était profondément absorbé dans sa méditation, sans guide et sans l’aide d’un pouvoir surnaturel, mais ne comptant que sur ses propres efforts et sa sagesse, il se libéra de toutes les souillures et impuretés et parvint à la connaissance parfaite, à l’éveil (état de Bouddha) à l’âge de 35 ans
( ?)* Il n’était pas né Bouddha, il en devint par sa seule volonté. En Maître sage et compatissant, il consacra le restant de sa vie à prêcher les vertus dont il était l’incarnation parfaite, et à servir l’humanité par exemple et les préceptes, travaillant sans relâche et sans égoïsme personnel, pour le bonheur et le salut de tous.
* Belle légende, mais les auteurs de celle-ci ne savent pas calculer. S’il est parti de chez lui à 29 ans, si pendant « dix longues années » il s’est fourvoyé dans la recherche de « la voie du milieu » si ensuite, il lui a encore fallut quelques années pour atteindre enfin « l’Etat de Bouddha » il ne pouvait pas avoir 35 ans mais au minimum 45.
Après un fructueux ministère de 45 années, le Bouddha, comme tout mortel, succomba à l’inexorable loi de l’impermanence et mourut dans sa quatre-vingt-seizième année, en recommandant à ses disciples de considérer sa doctrine comme leur Maître.
Le Bouddha était un être humain, comme un homme il naquit, comme un homme il vécut et, sa vie eut une fin comme toute vie humaine. Il devint certes un homme exceptionnel, Acchariya Manussa, mais il ne revendiqua jamais un caractère divin. Il tenant à dissiper tout doute sur ce point, ne voulant pas qu’on commît l’erreur de lui attribuer une essence divine et immortelle. En effet, jamais on ne le déifia. Et pourtant, si « aucun Maître ne fut moins Dieu que le Bouddha, aucun ne ressemblait plus à un Dieu que lui »
Le Bouddha n’est ni une incarnation du dieu hindou Vishnou comme certains le croient, ni un sauveur qui se sacrifie librement pour le salut des autres. Le Bouddha exhortait ses disciples à ne compter que sur eux-mêmes pour obtenir leur Libération, car la pureté comme la souillure se trouvaient en eux-mêmes. Il leur disait qu’il était seulement leur Maître et leur Guide, et insistait sur l’importance de la responsabilité individuelle et sur la nécessité des efforts personnels. « Il vous appartient de travailler à votre purification, les Tathâgatas vous montrent seulement le chemin. »
Ce chemin est celui de la Délivrance, c’est à nous de le suivre. « Compter sur les autres pour gagner son salut est négatif mais compter sur soi-même est positif » Compter sur les autres c’est capituler.
Dans le Prinibbâna Sutta, le Bouddha a dit à ses disciples « Soyez votre propre île, soyez votre propre refuge, ne cherchez pas d’autre refuge » Ces paroles nous rappellent que, s’il est indispensable d’avoir de la détermination et de la persévérance pour réussir, il est par contre futile de demander à des sauveurs bienveillants de nous sauver ou de poursuivre un bonheur illusoire dans une vie future en flattant des dieux imaginaires par des prières égoïstes et de vains sacrifices.
D’ailleurs, le Bouddha ne s’attribuait pas le monopole de l’état de Bouddha. Au lieu de décourager ses adeptes et de se réserver le privilège de cet état suprême, il les exhortait à l’imiter. Ayant atteint le plus haut sommet de la perfection, et en Maître qui ne cachait rien dans sa paume fermée, il leur révéla la seule voie qui y menait, cette voie même qu’il avait parcourue. Le Bouddha ne considérait pas les êtres humains comme des misérables pêcheurs ou des esclaves soumis à la volonté d’un Pouvoir Suprême. Au contraire, il avait foi en la valeur de l’homme, en ses extraordinaires possibilités latentes et en son pouvoir de créer sa propre destinée.
Au lieu de placer au-dessus de l’homme un dieu invisible et tout –puissant, le Bouddha enseigne que chacun est responsable de lui-même et qu’il peut atteindre la délivrance spirituelle sans recourir à la compassion divine ou à la méditation de prêtres. Les hommes ne sont pas pervers, ils sont seulement aveuglés par l’ignorance. Nous sommes tous nés bons, nous possédons tous potentiellement la qualité de Bouddha.
Celui qui aspire à en devenir un est appelé Bodhisattva, un être de sagesse dont le noble idéal – le plus beau et le plus raffiné qui soit dans ce monde égocentrique – est de mener une vie pure tout entière consacrée au service des autres.
Le Bouddha s’élevait aussi contre le système dégradant des castes et prêchait l’égalité des hommes.
Il déclarait que les portes du succès et de la postérité étaient ouvertes à tous ceux qui, fussent-ils puissants ou humbles, vertueux ou corrompus, aspiraient à la perfection et étaient prêts à tourner la page. Pour des hommes et des femmes méritants appartenant à des castes, des races ou des classes sociales différentes, il fonda une communauté religieuse dotée d’une constitution démocratique. Il n’exigeait pas de ses disciples une obéissance passive à son enseignement ou à lui-même mais il leur laissait une complète liberté de pensée.
Il consolait les affligés, soignait les malades délaissés, secourait les pauvres et les abandonnés, ramenait les égarés et les criminels dans le droit chemin, encourageait les faibles, unissait les désunis, éclairait les mauvais, inculquait le sens de la dignité aux bons. Il était aimé des riches comme des pauvres, des saints comme des criminels. Rois et princes, nobles et millionnaires, savants et balayeurs de rues, assassins et courtisanes, tous tiraient profit de ses paroles de sagesse et de compassion. Son visage offrait l’image de la paix et de la sérénité et son noble exemple était une source d’inspiration pour tous, son message de Paix et de Tolérance constituait un bienfait d’une valeur inestimable pour ceux qui avaient le bonheur de l’entendre et de le mettre en pratique.
Partout où il s’est propagé, l’enseignement du Bouddha a laissé son empreinte ineffaçable sur le caractère des peuples, contribué au progrès culturel des nations et exercé une influence civilisatrice considérable sur un grand nombre de pays, en particulier en Asie. Bien que plus de 2.500 ans se soient écoulés depuis la disparition de ce grand Maître, le magnétisme de sa personnalité exceptionnelle demeure toujours intact. Une volonté de fer, une profonde sagesse, un amour universel une compassion infinie, un service plein d’abnégation, un grand renoncement, une pureté absolue, des méthodes exemplaires pour propager l’enseignement et le succès final, tous ces facteurs ont amené environ le cinquième de la population mondiale actuelle à saluer le Bouddha comme leur plus grand Maître religieux
Rendant un hommage fervent au Bouddha, Sri Radha-Krishna dit : « En Gotama le Bouddha nous voyons un esprit supérieur de l’orient qui ne le cède à personne dans le domaine de l’influence sur la pensée et sur la vie de la race humaine. Il est vénéré de tous en tant que fondateur d’une tradition religieuse dont l’emprise n’est guère moindre que celle de n’importe quelle autre religion, quant à son étendue et sa profondeur ; il appartient à l’histoire de la pensée du monde, à l’héritage commun des hommes cultivés, car par son intégrité intellectuelle, son élévation morale et sa pénétration spirituelle, il est sans aucun doute l’un des plus grands personnages de l’Histoire ».
Dans les « Trois plus grands hommes de l’histoire » HG-Wells écrit. « en Bouddha vous voyez clairement un homme simple, sincère, solitaire, qui lutte pour conquérir la lumière, un e personnalité humaine forte et vivante, non un mythe. Lui aussi a apporté au monde un message de caractère universel avec lequel beaucoup de nos idées modernes sont en étroite harmonie. Il nous a enseigné que toutes les peines et contrariétés sont dues à l’égoïsme. Pour connaître la sérénité, l’homme doit cesser de vivre pour jouir du plaisir des sens ou pour lui-même. Alors il devient un être supérieur. Cinq cents ans avant J.C., le Bouddha, dans un langage différent, a conseillé aux hommes l’oubli de soi. A certains points de vue, il est plus proche de nous et de nos aspirations. En ce qui concerne notre individualité et notre utilité, il était plus lucide que le Christ et en ce qui concerne l’immortalité de chacun, il était moins ambigu »
Saint-Hilaire remarque : « Il est le modèle parfait de toutes les vertus qu’il prêche. Sa vie n’a pas une seule tache ». Fausboll dit : « Plus je le connais, plus je l’aime »
Un de ses humbles disciples dirait ; Plus je le connais, plus je l’aime et plus je l’aime, plus je le connais.
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