samedi 17 décembre 2011

Oscar Wilde : Aphorismes 10


Ceux qui tentent de diriger le peuple ne peuvent y parvenir qu’en suivant la populace. La voie des dieux doit être ouverte par la voix de celui qui crie dans le désert.

Les circonstances sont les coups de fouet que nous donne la vie. Certains d’entre nous sont contraints à les recevoir sur l’ivoire de leurs épaules tandis que d’autres sont autorisés à garder leur manteau. Voilà la seule différence.

La critique est elle-même un art… Il faut lui appliquer les mêmes critères qu’à l’œuvre du poète ou du sculpteur et non la juger selon de  quelconques critères d’imitation ou de ressemblance. Le critique a le même rapport à l’œuvre d’art dont il fait la critique que l’artisan au monde visible des formes et des couleurs ou au monde invisible de la passion et de la pensée. Pour parvenir à la perfection de son art, le critique n’a même pas besoin des matériaux les plus beaux. N’importe quoi peut lui servir pour atteindre son but.

Il est bien plus difficile de parler d’une chose que de la faire. Dans le domaine de la vie réelle, c’est évident. N’importe qui peut faire l’histoire, seul un grand homme peut l’écrire.

Si nous pouvions vivre suffisamment longtemps pour voir le résultats de nos actes, il se pourrait bien que ceux qui se disent bons seraient pris d’un cruel remord et que ceux que le monde dit méchants exulteraient d’une noble joie. Chaque petite chose que nous faisons passe dans l’immense machine de la vie, où nos vertus pourraient être moulues très fin et perdre toute valeur où, en revanche, nos péchés pourraient être transformés en éléments d’une nouvelle civilisation plus merveilleuse et splendide qu’aucune de celles qui l’ont précédée.

Les enfants commencent par aimer leurs parents ; en grandissant, ils se mettent à les juger –parfois ils leur pardonnent.

Nous vivons à une époque où on lit trop pour parvenir à la sagesse et où on pense trop pour parvenir à la beauté.

Nous devrions nous imprégner de la couleur de la vie mais sans jamais nous souvenir des détails. Les détails sont toujours vulgaires.

Quelle chose merveilleuse que la véritable personnalité de l’homme – quand elle sera à notre portée ! Elle évoluera naturellement et simplement, comme une fleur ou comme pousse un arbre. Elle ne sera jamais en désaccord. Elle n’argumentera pas et ne se disputera pas. Ille ne cherchera pas à prouver. Elle saura tout et pourtant elle ne se préoccupera pas de connaissance. Elle sera pleine de sagesse. Sa valeur ne sera pas mesurée en fonction de biens matériels. Elle ne possèdera tien et pourtant elle possèdera tout, et elle continuera à posséder ce qu’on lui aura pris, tant elle sera riche. Elle ne sera pas sans cesse à interférer avec les autres ou à leur demander d’être semblables à elle. Elle les aimera parce qu’ils seront différents. Et pourtant, sans interférer avec d’autres, elle aidera tout le monde, comme une belle chose nous aide, en étant simplement ce qu’elle est. La personnalité de l’homme sera merveilleuse. Elle sera aussi merveilleuse que la personnalité d’un enfant.

Le cynisme n’est rien d’autre que l’art de voir les choses comme elles sont plutôt que comme elles devraient être.

Nous vivons à une époque om on lit trop pour parvenir à la sagesse et où on pense trop pour parvenir à la beauté.

Nous devrions nous imprégner de la couleur de la vie mais sans jamais nous souvenir des détails. Les détails sont toujours vulgaires.

Quelle chose merveilleuse que la véritable personnalité de l’homme – quand elle sera à notre portée ! Elle évoluera naturellement et simplement, comme une fleur ou comme pousse un arbre. Elle ne sera jamais en désaccord. Elle n’argumentera pas et ne se disputera pas. Elle ne cherchera pas à prouver. Elle saura tout et pourtant elle ne se préoccupera pas de connaissance. Elle sera pleine de sagesse. Sa valeur ne sera pas mesurée en fonction de biens matériels. Elle ne possédera rien et pourtant elle possédera tout, et elle continuera à posséder ce qu’on lui aura pris, tant elle sera riche. Elle ne sera pas sans cesse à interférer avec les autres ou à leur demander d’être semblable à elle. Elle les aimera parce qu’ils seront différents. Et pourtant, sans interférer avec d’autres, elle aidera tout le monde, comme une belle chose nous aide, en étant simplement ce qu’elle est. La personnalité de l’homme sera merveilleuse ; elle sera aussi merveilleuse que la personnalité d’un enfant.

Le cynisme n’est rien d’autre que l’art de voir les choses comme elles sont plutôt que comme elles devraient être.

Avoir trois adresses inspire toujours confiance, même aux commerçants.

Une chose dont on ne parle pas n’a jamais existé. Seule l’expression confère une réalité aux choses.

Aucun homme n’est capable s’il est incapable de faire son chemin, tout comme aucune femme n’est intelligente si elle ne parvient pas à obtenir le pire des maux, le plus nécessaire, un mari.

Le seul charme du passé est qu’il est passé. Mais les femmes ne savent jamais quand le rideau est tombé. Elles veulent toujours un sixième acte, et lorsque la pièce a perdu tout intérêt, elles se proposent de lui donner une suite. Si on les laissait faire, toutes les comédies auraient une fin tragique et toutes les tragédies se termineraient en farces. Elles sont délicieusement artificielles, mais elles n’ont aucun sens artistique.

Lorsque l’on aime, c’est toujours la seule fois qu’on a jamais aimé. Le changement d’objet aimé n’altère pas la sincérité de la passion. Cela ne fait que la rendre plus intense.

Le vrai drame des pauvres est qu’ils ne peuvent se permettre que l’abnégation. Les beaux péchés, comme les belles choses, sont les privilèges des riches.

La vie humaine est la seule chose qui vaille la peine d’être sondée. En comparaison, rien d’autre n’a vraiment de valeur. Il est vrai que, lorsque nous observons la vie dans cet étrange creuset où se jouent douleur et plaisir, nous ne pouvons pas couvrir notre visage d’un masque de verre, ni empêcher les exhalaisons de venir troubler notre cerveau et embrouiller notre imagination de monstrueuses lubies et de rêves gauchis. Il existe des poisons si subtils que, pour en connaître les propriétés, il faut s’en écœurer. Il existe des maladies tellement étranges que, pour en comprendre la nature, il faut qu’elles nous aient traversés. Et pourtant, quelle immense récompense nous est donnée !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire