jeudi 22 décembre 2011

La Fontaine- Les deux mulets



Deux Mulets cheminaient, l’un d’avoine chargé,
L’autre portant l’argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d’une charge si belle,
N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d’un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette.
Quand l’ennemi se présentant
Comme il en voulait  l’argent,
Sur le Mulet du fisc, une troupe se jette,
Le saisit au frein, et l’arrête.

Le Mulet, en se défendant,
Se sent percer de coups ; il gémit, il soupire.
« Est-ce donc là, dit-il, ce qu’on m’avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire ;
Et moi j’y tombe, et je péris !
-Ami, lui dit son camarade,
Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut emploi :
Si tu n’avais servi qu’un meunier, comme moi
Tu ne serais pas si malade. »

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