lundi 19 décembre 2011

Cloches de Notre Dame de Paris


Comptant parmi les plus vieux instruments sonores, les cloches ont toujours été associées à la Chrétienté dès les premiers siècles de son essor, proclamant Dieu à l’horizon (Charles Péguy). Tout en rythmant l’écoulement des heures depuis le Moyen-Âge, leur fonction première est liturgique : par leurs volées et leurs tintements, elles appellent les fidèles à se rassembler et à prier, associant leurs chants aux joies et aux peines de la communauté chrétienne et, qui plus est à Notre-Dame de Paris, aux grandes Heures de l’Histoire de France.
Dès la fin du XIIe siècle, l’édification de la cathédrale étant encore loin d’être terminée, il est fait mention de la sonnerie des cloches précédant les offices. Cette sonnerie s’étoffa au cours des siècles au rythme de la vie de l’édifice et de son rayonnement. Huit cloches dans la Tour Nord, deux bourdons dans la Tour Sud, sept cloches dans la flèche accompagnées de trois pour la sonnerie de l’horloge : cet ensemble et cette spatialisation constituèrent un véritable paysage sonore dans le ciel de Paris jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
On ne saurait se faire une idée de la joie de Quasimodo les jours de grande volée. Il montait la vis du clocher plus vite qu’un autre ne l’aurait descendue. […] Le premier choc du battant et de la paroi d’airain faisait frissonner la charpente sur laquelle il était monté… Enfin, la grande volée commençait ; toute la terre tremblait : charpentes, plombs, pierres de taille, tout grondait à la fois…
Victor Hugo - Notre-Dame de Paris

La Révolution et son lot d’excès n’épargnèrent pas les cloches de Notre-Dame et le bourdon Marie qui furent descendus, brisés et fondus en 1791 et 1792. Le bourdon Emmanuel, pièce maîtresse de l’ensemble, fut heureusement épargné et demeure aujourd’hui l’un des plus beaux vases sonores d’Europe, sinon le plus remarquable comme s’accordent à le dire les campanologues, musiciens et musicologues.
C’est ce même bourdon Emmanuel qui depuis 1686, au sommet de la tour Sud, ne cesse de sonner les grandes Heures de la cathédrale comme aux grandes fêtes liturgiques : Noël, Pâques, l’Assomption… ou encore pour de grands évènements comme la visite du Pape. Mais ce bourdon est aussi intimement associé à la Nation française dont il rehausse depuis sa fonte les grandes Heures : Te Deum pour les sacres de rois, fins de conflits (dont les deux Guerres Mondiales en 1918 et 1945), obsèques des chefs d’état français, mais aussi les drames de l’Humanité, quand la prière rassemble à Notre-Dame les croyants et les hommes de bonne volonté comme au lendemain du 11 septembre 2001…
Quatre cloches, placées en 1856 au sommet de la tour Nord en remplacement de la sonnerie disparue, assurent les sonneries quotidiennes : offices, Angélus, carillon des heures. Enfin, dernière composante hélas muette de ce paysage sonore actuel, un carillon des heures de 1867 composé des deux sonneries associées à l’horloge monumentale et placées pour l’une dans la flèche (trois cloches) et pour l’autre dans la charpente afin de se faire entendre à l’intérieur de la cathédrale (trois cloches) ; un projet de rétablissement de ce carillon est actuellement à l’étude.

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