jeudi 24 novembre 2011

François Rabelais

Né à La Devinière, près de Chinon vers 1494, mort à Paris en 1553.




La carrière de Rabelais reste mal connue. Fils d’un avocat au siège royal de Chinon. Rabelais est moine et sera avant 1521, ordonné prêtre. Sa formation est celle d’un franciscain, à la fois tourné vers la prédication orale et l’exégèse approfondie des Ecritures. En 1520, il se trouve au couvent du Puy-Saint-Martin à Fontenay-le-Comte, où il étudie le grec en compagnie de Pierre Amy. Premiers démêlés avec la Sorbonne : ses livres grecs sont temporairement confisqués en 1523. En correspondance avec Guillaume Budé, ami de l’avocat Tiraqueau, il prend part chez ce dernier à des réunions de légistes et d’érudits. En 1524-25, il est autorisé à passer dans l’ordre des Bénédictions de Maillezais, dont l’abbé est Geoffroy d’Estissac.

En 1527, il renonce à la vie monacale et entreprend, à l’instar de son héros, Pantagruel, le tour de France des universités, puis il s’inscrit en 1530 à la faculté de médecine de Montpellier. A Lyon, il est médecin de l’hôpital du Pont-de-Rhône, sans avoir encore le titre de docteur. C’est dans cette ville qu’il publie en 1532, les Aphorisme d’Hippocrate en grec, les lettres latines du médecin italien Manardi et un texte juridique, le Testament de Cuspidius. La même année sont imprimés, toujours à Lyon, le premier livre de ses « folastries », Horribles et Epouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel, ainsi qu’un almanach facétieux, la Pantagruéline Prodognostication, qui sera suivi de plusieurs autres. Il accompagne son nouveau protecteur, Jean du Bellay, évêque de Paris et futur cardinal dans sa mission à Rome, en qualité de médecin.

De retour à Lyon, il exploite le succès de Pantagruel en publiant la Vie inestimable de Gargantua, père de Pantagruel (1534). Au moment de l’Affaire des Placards, Rabelais quitte Lyon (1535), repart pour l’Italie avec jean du Bellay et rencontre Clément Marot à la cour Ferrare. Pourvu d’une prébende de chanoine à Saint-Maur–des-Fossés (RP) et libéré de ses vœux monastiques, Rabelais se consacre alors, pendant dix ans (1536-1546) à l’exercice de la médecine. Après un nouveau voyage en Italie (1540), il publie le Tiers Livre des faits et dicts héroïques du noble Pantagruel (1546), dédié à Marguerite de Navarre, sœur du roi et championne de l’évangélisme. L’ouvrage, comme les précédents, est condamné par la Sorbonne. Rabelais s’enfuit à Metz, alors ville d’Empire, et rejoint Jean du Bellay, chargé d’une nouvelle mission à Rome. En passant par Lyon, il publie les premiers chapitres du Quart Livre de Pantagruel (1548), dont l’ensemble ne parait qu’en 1552. Curé de Meudon, par la protection des du Bellay, Rabelais s’éteint en 1553. En 1562, paraissent, sous le titre de l’Isle sonnante, allégorie transparente de l’église, les premiers chapitres du Cinquième Livre de Pantagruel dont l’ensemble sera publié en 1564. Cette tardive  conclusion de la geste de Pantagruel n’est probablement pas de la main de Rabelais.

Une telle « œuvre-univers », qui résume les aspirations de la première moitié du XVIe siècle, n’a cessé de devenir plus complexe aux yeux d’une critique engagée dans les deux voies divergentes de l’ « historisme »  et de l’ « esthétisme ». Pour la première tendance, qui pend au pied de la lettre la recommandation d’extraire de l’os, la « substantique moelle », la geste de Gargantua-Pantagruel doit être déchiffrée avec la même minutie qu’un palimpseste. En elle, se décèlent les innombrables allusions aux doctrines philosophiques et religieuses du  temps (Erasme et l’évangélisme en tout premier lieu) et aux événements qui ont accompagné sa naissance. Cette lecture quasi exégétique de Rabelais (poursuivie notamment par L. Febvre, M A Screech, V.L. Saulnier) apparaît d’autant plus justifiée que l’auteur lui-même a montré, non sans ironie parfois, quels pièges pouvaient s’ouvrir à la signification apparente des choses.

L’autre école, négligeant d’entrée de jeu le contexte historique, s’attache avant tout à des « effets de sens » d’une singulière modernité. Ce « Rabelais au futur » (J. Paris) laisserait présager la littérature moderne, de Mallarmé à Joyce, par le jeu infini auquel il soumet la matière verbale : liste de mots, coq-à-l’âne, équivoques, forgeries onomastiques et tohu-bohu syntaxiques tendraient à compromettre sans retour la fonction référentielle du langage, pour constituer ce dernier en tant qu’objet plein, susceptible de toutes les métamorphoses.

Mais, séparée de l’histoire, l’œuvre de Rabelais s’expose à devenir incompréhensible. Inexplicable par exemple au regard de la littérature du siècle suivant, qui tolère à peine les audaces d’un La Fontaine ou d’un Molière, le comique rabelaisien, qui ne répugne ni à l’obscénité ni à la scatologie, obéit profondément à cette logique du carnaval qu’a mise en lumière M. Bakhtine. Construite sur une image du corps grotesque où les fonctions nutritives et excrémentielle, échangent leurs places respective, cette logique postule une ambivalence fondamentale. Les injures qui pleuvent sur les « sorbonagres », les coups qu’échangent les invités à la noce du Seigneur de Basché (Qart Livre, ch XII-XV) proclament la mort du vieil homme et accouchent  symboliquement d’un homme nouveau. L’humanisme de Rabelais se ressourcerait ainsi au temps cyclique de la fête populaire et ce ne serait pas le moindre paradoxe que la nouveauté du message empruntât les voies pluriséculaires d’une culture par essence conservatrice. Une mise en perspective de cet ordre permet de dégager le caractère problématique de l’œuvre. Loin d’exprimer cet optimisme béat, fait de certitudes élémentaires, que l’on s’est plu parfois à y découvrir, loin de se résoudre en une anachronique idéologie du progrès, elle pourrait bien relever de ce courant du scepticisme chrétien dont l’Eloge de la folie d’Erasme ou les Essais de Montaigne sont au XVIe S, les plus illustres témoins. Le personnage de Pantagruel, où l’on voit le porte-parole de l’auteur, s’oppose en cela à l’orgueil boulimique d’un Panurge, amoureux de soi-même et du monde, et comme tel condamné pour « philautie ». De plus, il s’opère une sensible évolution depuis le Pantagruel, parodie des romans de chevalerie compliquée d’une satire antisophistique, jusqu’au Quart Livre, où la polémique, simultanément dirigée contre les tenants impitoyables de l’orthodoxie religieuse et l’intolérance des Réformés, se fait plus acerbe. Au lieu des vastes galeries de l’abbaye de Thélème, projetées au terme du Gargantua, les pantagruélistes n’ont plus pour théâtre de leur action qu’un fragile navire en proie aux tempêtes de ce monde et exposé à la rencontre d’épouvantables monstres allégoriques. Affirmant alors le seul triomphe de la sagesse en Dieu, l’œuvre élargit jusqu’aux confins des terres nouvelles, en une fabuleuse dépense verbale, l’océan mouvant de la parole.



François Rabelais
 Biographie, citations, Iconographie
 http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-rabela.htm

Gargantua chapitre 7
En cest estat passa jusques à un an et dix moys, onquel temps, par le conseil des médecins, on commença le porter, et fut faicte une belle charrette à beufs par l’invention de Jehan Denyau1. Dedans icelle on le pourmenoit par cy par là joyeusement; et le faisoit bon veoir, car il portoit bonne troigne2 et avoit presque dix et huyt mentons; et ne crioit que bien peu; mais il se conchioit à toutes heures, car il estoit

http://www.etudes-litteraires.com/rabelais.



Découvrir Rabelais
 Polémiste, encyclopédiste, savant, grand voyageur épris de tolérance, moraliste sans morale, éducateur, ivrogne, humaniste camouflant son humanisme sous des torrents d'obscénités, romancier se servant du réalisme au seul bénéfice de l'imagination, linguiste maître du langage et créateur de mots, Rabelais est un précurseur dans tous les domaines et la plus comique de nos énigmes.» Jean d'Ormesson Une autre Histoire de la littérature Tome I
 http://www.alalettre.com/rabelais.php  



 François Rabelais 
L'art de Mêler érudition et impertinence








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