Deux triomphes et un scandale
Diplômé de l’Ecole centrale des arts et manufactures en 1855, le Dijonnais Gustave Eiffel –né en 1832 – a rapidement fait de la construction métallique sa spécialité. Après avoir multiplié les projets pour les chemins de fer, son entreprise se lance dans des aventures artistiques. La première est la conception de la structure de la statue de la Liberté pour Bartholdi. Puis dans la course effrénée aux grandes hauteurs, que se livrent européens et Américains, Eiffel prend une longueur d’avance grâce à un employé qui dépose un brevet révolutionnaire.
Après le lui avoir racheté, il propose son projet au maire de Barcelone, qui le trouve trop risqué et onéreux pour la Catalogne. Lorsqu’un concours est lancé pour l’exposition universelle de Paris de 1889, son projet fait mouche. Le consensus dans les milieux politiques lui vaut de signer un contrat avec le gouvernement en 1887. Ce gigantesque succès sera le dernier avant qu’un fiasco ne ternisse sa fin de carrière. Engagé dans la construction du canal de Panama avec Ferdinand de Lesseps, Gustave Eiffel est éclaboussé dans le scandale qui éclate en 1893. Sa réhabilitation arrivera trop tard pour sa carrière d’entrepreneur. Il la délaissera au profit de celle de savant – consacrée à des expériences sur le vent-, jusqu’à sa mort en 1923La Tour Eiffel a été inaugurée, il y a 122 ans. Celle que l’on surnomme « la grande dame » fait peau neuve avec le lancement, il y a quelques jours déjà de la 19e campagne de peinture qui doit durer 18mois.
Pendant près d’un an et demi, 25 ouvriers, pinceaux en main, ont donné une nouvelle jeunesse à la tour Eiffel. Malgré la pollution, la rouille et les déjections animales, « la grande dame » demeure robuste, car construite en fer puddlé dont la longévité est quasi éternelle. Il y a 120 ans, le Tout-Paris était réuni pour inaugurer celle qui allant devenir l’élément phare de l’Exposition universelle de 1889. Pourtant, son histoire ne se résume pas à la seule prouesse architecturale de l’époque.
A la fin du XIXe siècle, le Journal officiel lance un concours : étudier la possibilité d’élever, sur le Champs –de-Mars, une tour de fer à base carrée d e125 mètres de côté et de 300 mètres de hauteur. Une centaine de projets sont présentés mais le choix du jury s’oriente rapidement vers celui de Gustave Eiffel. A l’instar d’autres monuments de la capitale, le projet d’Eiffel suscite la polémique. De nombreuses personnalités s’indignent de voir cette structure dénaturer le paysage de Paris. Gustave Eiffel défend bec et ongles son projet scientifique de la Tour. « Observatoire, laboratoire, poste de communication, météorologie », l’ingénieur utilise els meilleurs arguments pour éviter en outre de voir son œuvre détruite après l’exposition, comme cela était prévu à l’origine. Deux ans, deux mois et cinq jours plus tard, il s’installe un bureau au troisième étage pour y faire ses expériences.
122 ans plus tard, Gustave Eiffel aurait de quoi être rassuré. Non seulement la Tour lui a survécu, mais elle est devenue, au fil des années, le monument payant le plus visité au monde. En 2008, 6,9 millions de personnes sont parvenues à son sommet. Depuis l’Exposition universelle, plus de 240 millions de personnes ont visité l’édifice, grimpant pour certaines,- 6 900 000 dont 75% d’étrangers - les 1 665 marches qui mènent à son sommet. Appartenant à la Mairie de Paris et gérée par la Société d’exploitation de la tour Eiffel (Sete) depuis 2006, la tour Eiffel a été maintes fois chantée, filmée, racontée
Lancée le 31 mars, la 19e campagne de peinture aura pour but de préserver l’authenticité de ce monument incontournable du paysage français. La tour Eiffel franchit également les frontières de l’Hexagone. Elle possède par exemple, une réplique à Las Vegas aux Etats Unis et devrait figurer parmi les reproductions prévues à Dubaï (Emirats arabes unis) dans le projet The Falcon City of Wonders- la cité des merveilles.
La peinture de la dame de fer le « brun tour Eiffel »
Gustave Eiffel lui-même avait indiqué au moment de sa construction que la peinture était un élément essentiel pour conserver la Tour. Aujourd’hui, 4 000 000 d’Euros sont consacrés pour le lancement de la 19e campagne de peinture, 25 peintres appliqueront 60 tonnes de peinture sur les 250 000m² de surface à entretenir. Gustave Eiffel l’avait mentionné, la couleur de la tour Eiffel est unique et porte même le nom de « brun tour Eiffel ». Elle se décline en trois tonalités : de la plus foncée en bas à la plus claire au somment, afin de préserver son aspect élancé.Les « héros » de la tour Eiffel
Novembre 1905 : le journal Le Sport organise le premier championnat de montée des escaliers. Au total, 277 concurrents participent à l’événement. Le gagnant, qui atteint le deuxième étage en moins de quatre minutes, se voit offrir un vélo !
Mai 1948 : l’animal le plus spectaculaire à avoir gravi les marches de la Tour est une éléphante. A 85 ans, la plus vieille pensionnaire du cirque Bouglione, accompagnée de M. Bouglione en personne, accède au premier étage de la tour. Epuisée, la pauvre bête n’ira pas au-delà.
Mars 1964 : les deux grands alpinistes Guido Magnone et René Desmaison escalade le monument à mains nues. L’événement est tel qu’il sera retransmis par l’Eurovision pour les 75 ans de la Tour Eiffel.
Octobre 1983 : Charles Coutard monte et descend les escaliers de la tour Eiffel avec la première moto trial de fabrication française.
Avril 1984 : Amanda Tucker et Mike Mac Carthy, deux anglais adeptes de sensations fortes, sautent du troisième étage. Ils avaient dissimulé leurs parachutes dans des sacs à dos. Ils atterrissent sans difficultés sur le Champs-de-Mars après quarante-cinq seconde de bonheur !
Août 1989 : alors que la tour Eiffel fête ses 100 ans, le funambule Philippe Petit réalise un exploit. Il relie grâce à un fil l’esplanade du Trocadéro et le deuxième étage de l’édifice. Pari gagné pour cette aventure longue de 760 mètres
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